Lors de sa prise de parole après le discours de politique générale du nouveau premier ministre ce 14 octobre à l’Assemblée nationale, Éric Ciotti a livré une charge d’une rare virulence contre Sébastien Lecornu. Le président des Républicains y a dénoncé ce qu’il qualifie d’« alliance contre-nature » entre la macronie, François Hollande et le Parti socialiste, symbole selon lui d’une trahison politique et morale.

Le ton était grave, le verbe tranchant. À la suite de la déclaration de politique générale du Premier ministre Sébastien Lecornu, Éric Ciotti a pris la parole pour dresser un acte d’accusation en règle. Pour le député des Alpes-Maritimes, la France vit un moment de bascule : « Nous vivons des heures dramatiques et sans doute historiques », a-t-il martelé, avant de dresser un constat sans appel d’un pays « au bord de la crise de régime ».

Mais au-delà du réquisitoire contre la gestion gouvernementale, c’est une accusation plus profonde qui structure le discours : celle d’une alliance idéologique avec la gauche. Éric Ciotti accuse Sébastien Lecornu d’avoir scellé une « union politique » avec François Hollande et le Parti socialiste, trahissant ainsi les électeurs de la droite. « Vous venez de tout céder au Parti socialiste, celui qui a obtenu 1,7 % à l’élection présidentielle », a-t-il lancé sous les applaudissements des bancs du Rassemblement national.

Dans sa diatribe, le chef des Républicains fustige une « conversion socialiste » du gouvernement. Lecornu, affirme-t-il, serait désormais « l’otage consentant du Parti socialiste », un Premier ministre « faible », prisonnier de « l’idéologie socialiste, fléau de notre nation depuis 1981 ». Ces formules, ciselées pour marquer les esprits, visent à rappeler les liens qui ont unis la macronie au PS, un courant politique honni par la droite conservatrice. Pour Ciotti, la fracture n’est plus seulement économique ou budgétaire, mais identitaire et doctrinale.

Cette dénonciation d’une « alliance Hollande-Macron » n’est pas anodine. Elle intervient au moment où François Hollande, revenu sur la scène politique, aurait, selon plusieurs observateurs, apporté un soutien tacite au gouvernement pour éviter une dissolution jugée risquée. On l’avait vu particulièrement d’ailleurs particulièrement proche de Darmanin lors de la panthéonisation de Badinter.

Ciotti y voit un pacte d’intérêts entre deux hommes, Lecornu et Hollande, que tout semblait opposer, un « attelage du renoncement » destiné à sauver un pouvoir affaibli. « L’union est faite ! » s’exclame-t-il, dans un éclat d’ironie, avant d’accuser Lecornu d’avoir renoncé à toute autonomie politique.

Le discours se veut autant un cri d’alarme qu’un signal politique. En désignant Hollande comme le véritable inspirateur du nouveau gouvernement, capable « d’abaisser le pouce » à tout moment, Ciotti cherche à fracturer encore davantage la majorité et à fédérer autour de lui un camp de la droite « authentique ».

Enfin, l’appel à la censure lancé par Ciotti prend une dimension symbolique : censurer Lecornu, ce serait selon lui rejeter « l’alliance Hollande-Macron », une coalition d’appareil sans légitimité populaire. « Vous êtes le dernier relais d’un président déchu », a-t-il martelé, promettant que « l’enfer de Matignon prendra bientôt fin » grâce à « l’union des patriotes ». Ce discours traduit une stratégie claire : pousser la droite à rompre toute forme d’accord avec la majorité, et à se repositionner face à un bloc central qu’il dépeint comme absorbé par la gauche.

Sources :
[LCP] – Déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu – 14/10/2025 – lcp.fr
[Le Monde] – Déclaration de politique générale : Sébastien Lecornu annonce la suspension de la réforme des retraites – 14/10/2025 – lemonde.fr
[Le Point] – Ciotti accuse Lecornu d’alliance avec le PS et François Hollande – 14/10/2025 – lepoint.fr
[Public Sénat] – Motion de censure : la droite divise son vote – 14/10/2025 – publicsenat.fr
[BFMTV] – Ciotti : « Hollande et la Macronie, l’union est faite » – 14/10/2025 – bfmtv.com