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Bruno Retailleau. Photo : @Anthonymontardyfr

Bruno Retailleau : le patron de LR fragilisé par les débauchages ministériels et les divisions internes

La nomination de six membres de Les Républicains dans le gouvernement de Sébastien Lecornu a plongé le parti dans une crise ouverte. Bruno Retailleau, affaibli, peine à imposer son autorité face à une droite parlementaire divisée entre fidélité partisane et tentation du pouvoir.

Rien ne va plus chez Les Républicains. En l’espace d’un week-end, la formation dirigée par Bruno Retailleau s’est retrouvée au cœur d’un nouvel épisode de désunion. Dimanche soir, à peine l’équipe du premier ministre Sébastien Lecornu annoncée, le parti publiait un communiqué ferme : les six ministres issus de ses rangs sont exclus de LR. Une décision symbolique et précipitée, destinée à marquer l’autorité du chef, mais qui illustre surtout la fracture béante au sein du mouvement.

Ces six figures de droite — Annie Genevard (agriculture), Rachida Dati (culture), Philippe Tabarot (transports), Vincent Jeanbrun (ville et logement), Nicolas Forissier (commerce extérieur) et Sébastien Martin (industrie) — rejoignent un gouvernement dont la composition est perçue, chez LR, comme une véritable « opération de débauchage ». Pourtant, au sein du groupe Droite républicaine (DR) à l’Assemblée nationale, la ligne est bien différente : une majorité de députés (38 contre 3) avait voté en faveur d’une participation au gouvernement, malgré le refus du parti lors de son bureau politique.

Cette dualité affaiblit considérablement Bruno Retailleau. L’ancien ministre de l’intérieur, déjà fragilisé par les divisions internes et par son image d’homme de principes rigides, se retrouve pris en étau entre une base militante attachée à l’opposition et des élus parlementaires prêts à composer avec la majorité pour éviter une dissolution de l’Assemblée. Laurent Wauquiez, chef de file de ce groupe, entretient prudemment cette ambiguïté, laissant ses troupes défier l’autorité du président du parti.

Le ton est monté ce week-end, lors d’un bureau politique qualifié de « houleux » par plusieurs participants. Michèle Tabarot, députée influente, n’a pas hésité à reprocher à Retailleau son manque de fermeté : « Tu n’as pas été à la hauteur. On a donné une mauvaise image de nous, maintenant on doit aller au gouvernement pour peser sur le budget. » De son côté, Valérie Pécresse a dénoncé toute tentation de ralliement à la majorité, estimant que « se vendre pour un plat de lentilles » reviendrait à trahir l’identité de la droite.

Le député LR de l’Isère et ministre de la Santé de Bayrou, Yannick Neuder a annoncé avoir refusé d’intégrer le gouvernement. Selon lui, les conditions n’étaient pas réunies.

En toile de fond, la bataille pour le contrôle du parti se double d’enjeux électoraux imminents. À l’approche des municipales de 2026, le départ d’Annie Genevard — présidente de la commission nationale d’investiture — laisse LR sans instance pour valider ses candidats. La désignation de Rachida Dati à Paris, actée fin août, pourrait elle aussi être remise en question après sa décision de rester ministre de la culture.

Bruno Retailleau, qui affirmait encore à Port-Marly début septembre que « le problème de la droite, c’est la droite », voit aujourd’hui sa formule devenir prophétique. En tentant de préserver la ligne d’une opposition ferme au gouvernement Lecornu, il se retrouve isolé dans son propre camp, tandis que les ambitions locales et nationales de ses cadres menacent de fragmenter encore un peu plus la famille gaulliste.

Sources :
[Le Monde] – « Bruno Retailleau, un chef de LR fragilisé par les débauchages de six membres de son parti dans le gouvernement » – 13 octobre 2025 – lien.

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