À l’Élysée, l’attente touche à sa fin. Emmanuel Macron doit annoncer ce vendredi soir le nom du nouveau Premier ministre, après la démission express de Sébastien Lecornu. Deux scénarios dominent : la reconduction du sortant, malgré la controverse, ou le retour inattendu de Jean-Louis Borloo, figure centriste rappelée en temps de crise.
Depuis jeudi soir, l’exécutif est suspendu à une décision présidentielle qui s’apparente à un casse-tête politique. Sébastien Lecornu, nommé il y a moins d’un mois et déjà démissionnaire, détient un record peu enviable : celui du Premier ministre le plus éphémère de la Ve République.
Pourtant, plusieurs sources proches du pouvoir confient à l’AFP qu’Emmanuel Macron “songe sérieusement à le reconduire”, avec un gouvernement “resserré et rajeuni”.
Lecornu, le choix de la continuité… et du risque
Le ministre des Armées, propulsé à Matignon dans un contexte d’urgence, assure ne pas “courir après le job” et avoir “terminé sa mission”. Mais dans les couloirs du pouvoir, son profil “technique, loyal et manœuvrier” séduit certains macronistes qui voient en lui un pilote de crise plus qu’un leader politique.
L’idée d’un Lecornu II — appuyé sur une équipe remaniée, débarrassée de figures trop ambitieuses pour 2027 — circule avec insistance. Elle permettrait au chef de l’État de gagner du temps tout en repoussant les tensions internes au camp présidentiel, même si cette hypothèse est contestée au sein même de son camp.
Hervé Marseille, président de l’UDI et sénateur des Hauts-de-Seine, a affirmé ce matin qu’une nouvelle nomination à Matignon de Sébastien Lecornu « ne serait pas un bon signal ».
Ce matin sur le plateau de France 2, Gabriel Attal a de son côté avancé qu’il faut un compromis. « Évidemment, il faut partager le pouvoir et ne pas donner le sentiment de vouloir s’acharner à garder la main sur tout », a-t-il déclaré.
La manoeuvre est périlleuse. Les oppositions pourraient dénoncer un simulacre de changement et pourraient déclencher une motion de censure dès la première séance parlementaire. Un front anti Lecornu serait d’ailleurs en train de se former se vendredi matin réunissant la plupart des partis.
Borloo, le “revenant” de la Ve République
Face à cette hypothèse, le nom de Jean-Louis Borloo revient avec insistance dans les conversations élyséennes. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, artisan du “Plan banlieues” et figure respectée du centre-droit, est perçu comme un symbole d’ouverture susceptible de ramener un souffle politique et social.
A l’antenne de Sud Radio, Hervé Marseille a d’ailleurs souligné que Jean-Louis Borloo est « quelqu’un qui fait partie des solutions ».
Reste que Borloo, éloigné de la vie gouvernementale depuis 2014, affirme ne pas avoir été contacté et ne manifeste aucune volonté explicite de retour. Sa nomination serait un coup de théâtre – mais aussi un aveu : celui d’un président cherchant, à mi-mandat, à réenchanter son quinquennat par la surprise.
Une décision imminente
“Le président annoncera sa décision avant vendredi soir”, a confirmé l’Élysée. Le choix d’Emmanuel Macron devra répondre à trois urgences : rétablir la stabilité politique, garantir le dépôt du budget à temps, et apaiser une opinion publique lassée des recompositions sans fin.
Entre la fidélité prudente de Lecornu et le retour symbolique de Borloo, le chef de l’État s’apprête à trancher un dilemme à la fois stratégique et existentiel. À moins que Pierre Moscovici ou Bernard Cazeneuve ne mettent tout le monde d’accord.