Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump multiplie les appels du pied au comité Nobel pour obtenir le prix de la paix. Soutenu par quelques alliés étrangers et convaincu d’avoir « mis fin à huit guerres », l’ancien président américain mène un intense lobbying pour une récompense qui, selon les observateurs, reste incompatible avec son style diplomatique.
Il s’y voyait déjà. En octobre 2024, alors qu’il menait sa campagne pour un second mandat, Donald Trump confiait son amertume : « Si je m’appelais Obama, j’aurais reçu le prix Nobel en dix secondes. » Un an plus tard, le président américain ne figure toujours pas parmi les lauréats pressentis à Oslo. Malgré ses efforts, son rêve de Nobel de la paix s’éloigne — un camouflet pour celui qui s’en estime pourtant le candidat naturel.
Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump répète à l’envi que « personne ne mérite plus que lui » cette distinction. Il affirme avoir mis fin à « sept guerres » à travers le monde, parfois sur la base d’actions diplomatiques symboliques ou d’interventions limitées. En septembre dernier, il se vantait encore d’avoir « huit conflits arrêtés », citant en exemple son plan de paix pour Gaza : « Si ça marche, je m’en compterai deux ou trois de plus », lançait-il devant ses partisans.
Ce discours d’autocélébration s’accompagne d’un lobbying soutenu. D’après le quotidien norvégien Dagens Naeringsliv, Trump aurait directement évoqué sa candidature lors d’un appel avec le ministre norvégien des Finances et ancien secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg — une conversation officiellement confirmée, mais dont le contenu n’a pas été détaillé. Ses alliés internationaux, eux, ont publiquement plaidé sa cause : le Pakistan et Israël ont soumis sa nomination au comité Nobel, et plusieurs dirigeants africains, interrogés à la Maison Blanche en juillet, l’ont félicité pour ses prétendues « initiatives de paix ».
Malgré ce réseau de soutiens, les experts du Nobel jugent sa candidature intenable. En août, trois historiens de l’institution ont énuméré les raisons de son inéligibilité : son admiration persistante pour Vladimir Poutine, sa position sur le conflit israélo-palestinien, qualifiée de « complicité tacite » avec un « génocide » à Gaza, et sa rupture assumée avec les idéaux de coopération, de désarmement et de défense des droits humains.
Mais Trump s’entête. À ses yeux, le prix Nobel n’est qu’une question de reconnaissance politique. « Quoi que je fasse, je n’aurai pas le prix », écrivait-il en juin sur Truth Social, se posant en victime d’un système « corrompu par les élites libérales ».
Pour Donald Trump, cette non-reconnaissance est un affront personnel : le Nobel, plus que toute autre distinction, symbolise la légitimité morale dont il rêve depuis son premier mandat. Pourtant, ses méthodes de gouvernement, souvent musclées et polarisantes, semblent à l’opposé de l’esprit qu’Alfred Nobel voulait récompenser. Le prix de la paix, décidément, ne se conquiert pas à coups de déclarations martiales et Trump aura sans doute du mal à rejoindre un jour les quatre présidents américains déjà primés, à savoir Theodore Roosevelt, Woodrow Wilson, Jimmy Carter et Barack Obama… Sauf si son intense lobbying porte ses fruits.
Sources :
TF1 Info – « Nobel de la paix : comment Donald Trump s’est démené pour obtenir le prix » – 8 octobre 2025 – https://www.tf1info.fr
Dagens Naeringsliv – « Donald Trump’s Nobel lobbying » – juillet 2025 – https://www.dn.no