La première salve de la liste du Premier ministre Sébastien Lecornu a été présentée ce dimanche 5 octobre. Il est composé essentiellement de poids lourds reconduits issus de l’alliance entre la majorité présidentielle, Les Républicains et quelques anciens socialistes.
Le nouveau gouvernement s’organise autour de piliers régaliens reconduits et de portefeuilles stratégiques réorganisés. À l’Intérieur, Bruno Retailleau conserve sa place et devient la figure de proue d’une ligne sécuritaire assumée, dans la continuité du renforcement des dispositifs antiterroristes et des contrôles frontaliers.
Gérald Darmanin, fidèle du macronisme depuis 2017, reste à la Justice, où il devra poursuivre la réforme du code pénal et la modernisation des juridictions.
Autre symbole de continuité : Élisabeth Borne reste à la tête de l’Éducation nationale, avec pour mission de poursuivre la réforme du collège et de mettre en œuvre les conclusions de la convention citoyenne sur le rythme scolaire.
Rachida Dati, quant à elle, demeure ministre de la Culture malgré ses ennuis judiciaires.
Le portefeuille de la Défense connaît, lui, un changement majeur : Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Économie qui avait annoncé vouloir arrêté la politique, prend la tête du ministère des Armées et des Anciens combattants. Edouard Philippe aurait refusé le poste. Gabriel Attal aurait lui aussi refusé d’entrée au gouvernement pour rester fidèle à ses engagements pris lors de meeting de rentrée de Renaissance au cours duquel il avait pris ses distances avec Macron.
L’autre grande nomination est celle de Roland Lescure, promu ministre de l’Économie et des Finances. Il sera épaulé par Amélie de Montchalin, nouvelle ministre des Comptes publics, chargée de superviser la trajectoire budgétaire dans un contexte d’endettement élevé.
À la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher conserve la main sur les dossiers de la biodiversité, de la forêt et des politiques maritimes, élargissant son champ d’action aux mers et à la pêche.
La Santé, le Travail et les Solidarités sont regroupés sous un même portefeuille confié à Catherine Vautrin, confirmée à ce poste pour poursuivre la réforme du système hospitalier et du travail social.
Annie Genevard prend la Souveraineté alimentaire et l’Agriculture, un signal adressé au monde rural, tandis que Éric Woerth hérite du ministère de l’Aménagement du territoire, de la Décentralisation et du Logement.
Les Transports restent sous la houlette de Philippe Tabarot, et Marina Ferrari devient ministre des Sports, à moins d’un an des grandes compétitions internationales.
Manuel Valls reste également ministre des Outre-mer. Naïma Moutchou, députée issue du centre droit (Horizons), prend la Fonction publique et du numérique, tandis que Mathieu Lefèvre devient ministre chargé des Relations avec le Parlement, chargé de fluidifier les rapports avec les assemblées.
Sur le plan international, Jean-Noël Barrot conserve son poste de ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, dans la continuité du soutien de la France à l’Ukraine et du renforcement du partenariat franco-allemand.
Enfin, Aurore Bergé est nommée ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations, tout en assumant le rôle de porte-parole du gouvernement.
Avec cette première salve de nominations, Sébastien Lecornu a d’ores et déjà suscité de nombreuses réactions alors que les oppositions attendaient du changement.
Il reste toutefois fidèle à sa promesse de “ réarmement républicain ” faite lors de sa nomination, d’autant plus que cinq ministres ont été nommés « ministres d’Etat », un titre pompeux et ostentatoire qui semble vouloirfaire allusion à l’instabilité géopolitique mondiale.
Les Républicains, un temps hésitants, ont finalement confirmé leur “ participation exigeante ” au projet et continue d’occuper une part importante dans ce gouvernement. On compte de nombreux proches ou anciens proches de Nicolas Sarkozy. À la majorité présidentielle s’ajoute ainsi un bloc conservateur renforcé et quelques figures issues de la gauche réformiste, dessinant un attelage politique que l’on a déjà vu à l’oeuvre et qui avait été désavoué.
Le Premier ministre devrait annoncer dans les prochains jours la seconde vague de nominations, consacrée aux secrétaires d’État et ministres délégués, avant une déclaration de politique générale prévue devant l’Assemblée nationale d’ici la mi-octobre. Un premier Conseil des ministres se tiendra demain autour d’Emmanuel Macron à 16h, a indiqué l’Elysée.
Sources :
BFMTV – Remaniement : le gouvernement Lecornu dévoilé – lien – 03/10/2025
Le Monde – Sébastien Lecornu dévoile un gouvernement d’unité et de continuité – lien – 03/10/2025
France Info – Gouvernement Lecornu : la première vague de nominations annoncée – lien – 03/10/2025
AFP – Lecornu forme un gouvernement d’équilibre entre majorité, droite et centre gauche – lien – 03/10/2025