Le nouveau Premier ministre a annoncé qu’il n’utiliserait pas l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le budget 2026. Une décision présentée comme un « acte de confiance » envers le Parlement, mais qui suscite méfiance et calculs stratégiques parmi les oppositions.
Sébastien Lecornu a créé la surprise ce vendredi 3 octobre en annonçant que le gouvernement renonçait à l’usage de l’article 49.3 de la Constitution pour l’examen du projet de loi de finances 2026. « Dès lors que le gouvernement ne peut plus interrompre les débats, il n’y a donc plus aucun prétexte pour que ceux-ci ne démarrent pas la semaine prochaine », a déclaré le Premier ministre depuis le perron de Matignon.
Cet engagement, qui prive l’exécutif d’un outil clé permettant de faire adopter un texte sans vote, vise à désamorcer les critiques des oppositions. « Il faut que chaque député puisse avoir du pouvoir et prendre ses responsabilités », a insisté Sébastien Lecornu.
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a salué sur X « un acte de confiance envers la représentation nationale », invitant à un débat « apaisé et constructif ».
Marine Le Pen a également applaudi une décision « plus respectueuse de la démocratie », tout en réservant sa position sur une éventuelle motion de censure, jugeant le Premier ministre « encore vague » sur le contenu de sa politique.
À gauche, l’accueil est plus nuancé. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a salué une « vraie évolution » mais a mis en garde contre une possible manœuvre destinée à « caporaliser » autrement le débat parlementaire. Il a rappelé que la réforme des retraites de 2023 avait été imposée via le 49.3 et a exigé un débat et un vote spécifiques sur ce texte. Le leader socialiste réclame par ailleurs des mesures fiscales fortes, telles que la réintroduction de l’Impôt sur la fortune (ISF) ou une taxe sur les patrimoines élevés, propositions que Matignon a jusqu’ici écartées.
Du côté du Parti communiste, Fabien Roussel juge « difficile » de censurer immédiatement un gouvernement qui abandonne un outil honni par la gauche. La France insoumise, en revanche, maintient sa ligne dure : Manuel Bompard a annoncé qu’une motion de censure serait déposée « dès la nomination » du gouvernement, accusant Lecornu d’avoir « scellé un accord avec l’extrême droite ».
En présentant cette décision comme une « rupture », Sébastien Lecornu espère donner des gages démocratiques tout en désamorçant une partie de la contestation. Mais ce geste, qualifié par certains de coup de communication, pourrait aussi redessiner les lignes de fracture au sein de l’hémicycle.
Sources :
Le Monde – Budget 2026 : Sébastien Lecornu annonce qu’il renonce à l’article 49.3 de la Constitution – lienChapeau :
Le Premier ministre a annoncé qu’il n’utiliserait pas l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le budget 2026. Une décision présentée comme un « acte de confiance » envers le Parlement, mais qui suscite méfiance et calculs stratégiques parmi les oppositions.