Madagascar est secoué par une série de manifestations citoyennes baptisées « Leo délestage », en réaction aux coupures d’électricité et aux pénuries d’eau. De la capitale Antananarivo aux grandes villes comme Toamasina, Antsirabe, Toliara, Mahajanga et Antsiranana, la population exprime depuis le 25 septembre dernier son ras-le-bol face à des services publics défaillants.
Ce mouvement traduit une exaspération généralisée, portée par la jeunesse malgache et une société connectée qui utilise les réseaux sociaux comme outil de mobilisation.
Un mouvement né sur les réseaux sociaux
Le mot d’ordre « Leo » (« marre » en malgache) est né d’un appel lancé sur Facebook par trois élus municipaux d’Antananarivo. Très vite, la mobilisation s’est amplifiée grâce à la « Gen Z » malgache, qui a relayé massivement les appels à manifester. La manifestation a commencé dans la capitale malgré l’interdiction du préfet Angelo Ravelonarivo.
En quelques jours, les rassemblements ont gagné les communes périphériques (Itaosy, Ambohimangakely, Sabotsy Namehana…) avant de s’étendre à d’autres régions.
Des tensions à Antananarivo et Antsirabe
Si la majorité des manifestations se sont déroulées dans le calme, des tensions ont éclaté jeudi en fin de matinée à Antananarivo et Antsirabe. Des pierres ont été lancées sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. Des étudiants de l’université polytechnique ont rejoint le mouvement. Des actes de vandalisme et de pillages ont également été signalé en soirée.
Des supermarchés et des magasins Super U, China Mall et Tanà Water Front ont été attaqués à Tsiadana, Talatamaty, Ankazomanga et Ambodivona. Une station du téléphérique à Ankorondrano a été vandalisée.
Des Maisons de personnalités politiques ont été incendiées et pillées. On peut citer celles de la sénatrice Lalatiana Rakotondrazafy et des députés Naivo Raholdina et Andry Ratsivahiny. Une tentative d’intrusion dans la résidence familiale du président Andry Rajoelina à également été signalée à Ambohibao.
La Croix-Rouge a signalée 25 blessés enregistrés dans l’après-midi (manifestants, passants, forces de l’ordre). Un policier a été blessé au visage et un gendarme grièvement atteint à la tête.
Plusieurs personnes ont été arrêtés mais leur nombre n’a pas été communiqué. Parmi elles, figurerait Fitiavana Mickael, champion de bodybuilding, récemment sacré champion mondial du Classic Physique à Los Angeles, mais il aurait été relâché.
Un couvre-feu à a été décrétée à Antananarivo de 19h à 5h du matin, jusqu’à nouvel ordre, malgré cela, certains quartiers ont connu la poursuite des troubles : barricades, pneus brûlés, routes bloquées avec des bennes à ordures.
À l’inverse, Toamasina et Antsiranana ont connu des manifestations pacifiques, marquées par des slogans réclamant un meilleur accès à l’eau et à l’électricité.
Délestages et pénuries : des causes multiples
Les habitants dénoncent des coupures quotidiennes de plusieurs heures et des pénuries d’eau touchant écoles, hôpitaux et petites entreprises.
Selon la JIRAMA, société nationale d’électricité et d’eau convoque des infrastructures vétustes, la difficulté d’approvisionnement en carburant, la baisse du niveau des barrages et la hausse de la demande énergétique sont à l’origine des délestages. Mais ces explications ne convainquent plus une partie de la population, qui exige des solutions rapides et transparentes.
Une fracture croissante entre citoyens et État
L’interdiction officielle de manifester n’a pas dissuadé les citoyens de descendre dans la rue. Cette défiance illustre une fracture grandissante entre l’État malgache et sa population. Le recours massif aux réseaux sociaux confirme une évolution des modes de mobilisation, portée par une jeunesse connectée et déterminée à défendre ses droits.
Source : Midimadagasikara, NewsMada