Ziad Takieddine est mort mardi matin à Beyrouth à l’âge de 75 ans. L’homme d’affaires franco-libanais, accusateur central de Nicolas Sarkozy dans l’affaire des financements libyens présumés de la campagne présidentielle de 2007, devait connaître jeudi son jugement au tribunal correctionnel de Paris.
L’un des personnages les plus sulfureux de la Ve République disparaît alors qu’il s’apprêtait à affronter un nouveau chapitre judiciaire. Ziad Takieddine, intermédiaire franco-libanais au cœur de plusieurs affaires politico-financières, est décédé mardi 23 septembre à Beyrouth, a annoncé son avocate française, Me Élise Arfi.
Né le 14 juin 1950 dans une famille druze du Liban, Takieddine, oncle d’Amal Clooney s’était d’abord imposé dans la publicité avant de quitter son pays en guerre civile. Dans les années 1980, il dirige la station de ski d’Isola 2000 dans les Alpes-Maritimes, où il noue des contacts influents à droite. Ces réseaux lui permettent de s’imposer comme un intermédiaire clé dans les contrats d’armement français avec l’Arabie saoudite et le Pakistan, devenant l’un des protagonistes majeurs de l’affaire Karachi.
En 2020, il est condamné à cinq ans de prison ferme pour ce volet financier, une décision confirmée en appel début 2025. Mais dès le jugement de première instance, il se réfugie au Liban, échappant à l’incarcération.
L’accusateur de Nicolas Sarkozy
La notoriété de Ziad Takieddine explose véritablement en 2012, lorsqu’il affirme que la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 a été financée par le régime libyen de Mouammar Kadhafi. En 2016, dans une interview à Mediapart, il décrit des « valises » contenant cinq millions d’euros, remis à Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant. Ces accusations sont confirmées à plusieurs reprises devant les juges d’instruction.
Mais en novembre 2020, coup de théâtre : dans une interview à Paris Match et BFMTV, Takieddine disculpe Nicolas Sarkozy, avant de se rétracter deux mois plus tard, évoquant des propos « déformés ». Cette volte-face, considérée comme une possible subornation de témoin, conduit à de nouvelles mises en examen visant notamment Nicolas Sarkozy, son épouse Carla Bruni-Sarkozy et la communicante Mimi Marchand.
Un parcours flamboyant et déclinant
Connu pour son train de vie fastueux et son entregent dans les cercles politiques, Takieddine symbolisait une certaine manière d’agir dans les coulisses de la République. Mais son influence décline au fil des années, concurrencé par son rival Alexandre Djouhri, plus proche des réseaux chiraquiens, et rattrapé par ses démêlés judiciaires.
Sa disparition met fin à la trajectoire d’un homme dont les révélations fluctuantes ont pesé sur l’un des plus grands scandales politico-financiers français contemporains. Elle laisse aussi en suspens des interrogations majeures sur l’affaire Sarkozy-Kadhafi, alors même que la justice française devait rendre jeudi une décision cruciale.
Sources :
LE Temps avec AFP – « Financement libyen : l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine est mort » – 23 septembre 2025 – lien
La Provence – « Mort de Ziad Takieddine, personnage clé de l’affaire Sarkozy-Kadhafi » – lien