En déplacement à Mâcon pour présenter son plan « France Santé » contre les déserts médicaux, le Premier ministre Sébastien Lecornu a déclaré que les finances publiques souffraient des investissements massifs dans le système hospitalier. Une déclaration qui relance le débat sur le financement de la santé et le poids du déficit.
Pour Bayrou, le déficit était de la faute des Boomers, il semblerait que pour Lecornu, cela soit de la faute de l’Hôpital, si ce n’est pas celle des malades.
À peine nommé à Matignon, Sébastien Lecornu a choisi l’hôpital comme première étape politique. Samedi 13 septembre, à Mâcon (Saône-et-Loire), il a dévoilé son projet de déploiement de 5 000 maisons « France Santé » d’ici à 2027, destinées à garantir une offre de soins à moins de trente minutes de chaque Français.
Mais c’est une autre phrase, lâchée devant la presse, qui a retenu l’attention : « Il y a aussi des problèmes de finances publiques parce qu’on a décidé de remettre beaucoup d’argent dans l’hôpital. » En associant directement déficit budgétaire et dépenses de santé, le Premier ministre dévoile son agenda.
Depuis la crise du Covid et le Ségur de la Santé, des milliards ont été injectés pour moderniser les structures et tenter d’enrayer la fuite du personnel hospitalier, en revalorisant les salaires des soignants, même nombre d’entre eux, n’ont pas vu la couleur de ce qui leur avait été promis durant la crise sanitaire. Lecornu estime aujourd’hui que ces investissements massifs sont un facteur d’aggravation des déséquilibres financiers.
Une mise au point qui intervient dans un contexte budgétaire explosif. Le déficit de l’Assurance-maladie continue de se creuser, les besoins de soins augmentent, et l’exécutif doit présenter à l’automne un budget 2026 déjà contesté. Les syndicats dénoncent une stratégie qui met en cause les dépenses sociales au lieu d’y voir une priorité nationale.
« Si c’est pour donner des soins, ce sont des médecins traitants supplémentaires dont les Français ont besoin », a répliqué Jean-Christophe Nogrette, de MG France dans les colonnes du Monde, rappelant que plus de 500 000 patients en affection de longue durée n’avaient pas de médecin référent fin 2023. D’autres organisations, comme l’UFML-S, dénoncent des maisons médicales qualifiées de « coquilles vides », faute de praticiens.
Dans le même temps, l’exécutif cherche des marges de manœuvre budgétaires. François Bayrou avait fixé à 44 milliards d’euros les économies à réaliser ; Lecornu sait qu’il devra trouver des ajustements, sans aggraver la fracture sociale. Or, une grève hospitalière est prévue le 18 septembre, soutenue par une large intersyndicale, preuve que le malaise persiste.