L’ex-président brésilien Jair Bolsonaro a été reconnu coupable par la Cour suprême de participation à une « organisation criminelle armée » et condamné à 27 ans de prison pour tentative de coup d’État. Une décision historique qui secoue le Brésil, divise profondément la société et provoque une escalade des tensions avec les États-Unis.

L’ancien chef de l’État brésilien Jair Bolsonaro a été condamné jeudi à une peine de 27 ans de réclusion pour avoir conspiré dans le but de se maintenir au pouvoir après sa défaite électorale face à Luiz Inacio Lula da Silva en 2022. Le verdict, prononcé par la Cour suprême, marque un tournant sans précédent dans l’histoire politique du pays, où jamais un ex-président n’avait dû répondre d’accusations d’une telle gravité.

Déclaré coupable de participation à une « organisation criminelle armée », Bolsonaro est accusé d’avoir orchestré, avec plusieurs de ses proches collaborateurs, un projet de coup d’État visant à empêcher l’alternance démocratique. Sept anciens ministres et généraux sont jugés à ses côtés, tandis que le rapporteur du procès, le juge Alexandre de Moraes, a estimé que le Brésil avait « failli redevenir une dictature ».

Assigné à résidence à Brasilia depuis août, l’ancien président, officiellement absent des audiences pour des raisons de santé, a été aperçu jeudi matin par un journaliste de l’AFP dans son jardin, vêtu d’un polo vert et d’un pantalon sombre. Il continue de clamer son innocence et demeure inéligible jusqu’en 2030. Son camp prépare déjà des recours, soutenu par une partie du courant conservateur qui tente de faire adopter une loi d’amnistie.

Aux États-Unis, la réaction ne s’est pas fait attendre. Donald Trump, qui entretient depuis longtemps une proximité politique avec Bolsonaro, a dénoncé une décision « très surprenante » et « comparable » à ses propres démêlés judiciaires. Qualifiant le procès de « chasse aux sorcières », le président américain a pris une série de mesures de rétorsion : surtaxe de 50 % sur une partie des exportations brésiliennes, annulation de visas de magistrats et sanctions financières contre le juge Moraes.

Cette condamnation alimente une fracture profonde au sein de la société brésilienne, entre partisan de Bolsonaro et de Lula. Cette polarisation rappelle l’ombre persistante de la dictature militaire (1964-1985), période encore vive dans la mémoire collective.

Dans ce climat tendu, les magistrats se divisent également. Si le juge Luiz Fux a plaidé pour la relaxe de Bolsonaro, dénonçant l’absence de preuves tangibles et réduisant l’affaire à une « phase préparatoire », il demeure isolé au sein de la Cour. Lula, lui, s’est exprimé avec fermeté : « Bolsonaro a tenté de mener un coup d’État dans ce pays. Il y a des dizaines, des centaines de preuves », a-t-il déclaré sur la chaîne Band.

Entre mémoire de la dictature, polarisation politique extrême et conflit diplomatique avec Washington, l’affaire Bolsonaro risque de peser longtemps sur la trajectoire démocratique du Brésil.

Sources :
Le Figaro – « L’ex-président Jair Bolsonaro condamné à 27 ans de prison pour tentative de coup d’État » – lien