Dans la nuit du 10 au 11 septembre, une vingtaine de drones russes ont franchi la frontière polonaise, entraînant une réaction immédiate de Varsovie et de l’OTAN. L’invocation de l’article 4 du traité de l’Atlantique marque une étape particulièrement préoccupante dans la guerre en Ukraine, faisant craindre un engrenage inédit depuis la Seconde Guerre mondiale.
La guerre en Ukraine a franchi un nouveau seuil de gravité cette semaine. Dans la nuit de mardi à mercredi, au moins dix-neuf drones russes ont pénétré l’espace aérien polonais, contraignant Varsovie à mobiliser son aviation militaire et à solliciter l’intervention d’appareils de l’OTAN. Trois de ces engins ont été abattus, et quatorze retrouvés sur le sol polonais, selon le ministère de l’Intérieur. Si aucune victime n’est à déplorer, une maison et un véhicule ont néanmoins été endommagés à l’est du pays.
Devant le Parlement, le Premier ministre Donald Tusk a dénoncé une « action russe » qui, selon lui, nous rapproche « plus que cela n’a jamais été d’un conflit ouvert depuis la Seconde Guerre mondiale ». Des propos lourds de sens, qui illustrent la gravité de l’incident. Le chef de la diplomatie, Radoslaw Sikorski, a pour sa part assuré qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un accident. Moscou, de son côté, s’est contenté d’un démenti jugé laconique, accusant Varsovie de vouloir « aggraver » la situation.
Face à cette violation de son intégrité territoriale, la Pologne a immédiatement demandé l’activation de l’article 4 du traité de l’Atlantique Nord, un dispositif rarement utilisé, qui prévoit des consultations entre les alliés lorsqu’un État membre estime sa sécurité menacée. Depuis 1949, cette disposition n’avait été invoquée que sept fois ; il s’agit donc de la huitième, et de la troisième directement liée à l’invasion russe en Ukraine.
La réaction internationale ne s’est pas fait attendre. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé un « ciblage délibéré » de la Russie, tandis qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a qualifié l’incursion d’« inédite » et « dangereuse ». Les ambassadeurs des 32 États membres de l’OTAN se sont réunis dès mercredi à Bruxelles, et le Parlement européen a tenu un débat d’urgence ce jeudi.
Le secrétaire général de l’OTAN a également réagi sur X indiquant que cet événement a montré que l’OTAN était capable « de défendre chaque centimètre carré du territoire de l’OTAN, y compris son espace aérien ».
Sur le plan militaire, Varsovie a décidé l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne à la frontière avec l’Ukraine et la Biélorussie. Cette mesure, valable jusqu’au 9 décembre, vise à « assurer la sécurité nationale », a précisé l’Agence de navigation aérienne polonaise (PAZP). Selon Bloomberg, la Pologne aurait par ailleurs demandé à ses alliés des renforts en systèmes de défense aérienne. Si Londres s’est dit disposé à examiner cette requête, l’Allemagne a exprimé des réserves, estimant que ces moyens seraient actuellement plus utiles en Ukraine même.
Cet épisode souligne les tensions croissantes entre Moscou et l’OTAN, dans un climat où chaque incident frontalier risque de précipiter le monde vers une confrontation ouverte.
Source :
La Dépêche – Guerre en Ukraine : incursion de drones russes en Pologne, activation de l’article 4 de l’OTAN… récit d’une escalade « sans précédent » – lien