Parti le 1er juin 2025 du port sicilien de Catane, le voilier Madleen navigue en direction de la bande de Gaza. Objectif : briser le blocus israélien et livrer une cargaison symbolique de vivres et de médicaments à la population palestinienne. À son bord, des personnalités comme Rima Hassan, eurodéputée franco-palestinienne (LFI), et l’activiste climatique suédoise Greta Thunberg.

Cette action s’inscrit dans la tradition des Flottilles de la liberté, coalition non-violente de navires civils cherchant à forcer un corridor maritime humanitaire vers Gaza, aujourd’hui confrontée à une famine totale selon l’ONU. Le Madleen transporte une cargaison modeste collectée à Catane – jus, riz, conserves, médicaments – mais l’enjeu est avant tout politique et médiatique.

Six français à bords

Otre Rima Hassan et Greta Thunberg, l’équipe est composé de Baptiste André, médecin français, Suayb Ordu, ingénieur turc, Mark van Rennes : étudiant néerlandais en ingénierie maritime, Omar Faiad, journaliste français, correspondant pour Al Jazeera Mubasher, Pascal Maurieras, militant français, Reva Viard, militante française pour la paix, Sergio Toribio, animateur de radio espagnol, connu sous le nom de « Chocolate », Yanis Mhamdi, journaliste français couvrant des questions environnementale, ainsi que de Thiago Ávila, activiste brésilien, coordinateur de la Freedom Flotilla Coalition, engagé dans des causes socio-environnementales et de Yasemin Acar, activiste allemande d’origine kurde, membre du comité directeur de la Freedom Flotilla.

Un bateau symbolique, un message universel

« Casser le blocus, dénoncer le génocide, sensibiliser l’opinion mondiale » : tel est le triple objectif de l’initiative, selon Thiago Ávila, coordinateur brésilien de la mission. Contrairement aux précédentes flottilles, celle-ci assume une pleine visibilité médiatique pour renforcer sa protection et alerter la communauté internationale.

À bord, les membres s’entraînent quotidiennement à faire face à une attaque : port de gilets de sauvetage, protocoles d’évacuation, simulations de riposte. Cette peur est alimentée par les précédents récents : un navire humanitaire a été visé par des drones israéliens en mai, et les propos du général israélien Effie Defrin comme ceux du sénateur américain Lindsey Graham sont jugés menaçants.

Sur X, Rima Hassan a d’ailleurs signalé des drones le 3 juin dernier.

Soutiens internationaux et pression diplomatique

Le Madleen a reçu le soutien logistique du parti italien AVS, ainsi que le soutien politique du président colombien, du vice-président espagnol et d’experts de l’ONU comme Francesca Albanese. Tous appellent Israël à laisser passer le navire humanitaire, en rappelant que la population de Gaza « a désespérément besoin d’aide ».

Rima Hassan rappelle que la flottille est en droit de naviguer dans les eaux internationales et que refuser l’accès à Gaza constitue une violation du droit humanitaire. Selon elle, « face au génocide, la seule solution qui s’offre à nous est la désobéissance civile ».

Le Madleen porte secours à des réfugiés soudanais en mer au sud de la Grèce

Hier, le bateau humanitaire de la Flottille pour la liberté a porté secours à quatre réfugiés soudanais en Méditerranée, au sud de la Grèce. L’embarcation des migrants, en détresse après plusieurs jours en mer sans moteur, était sur le point de couler. Les quatre personnes secourues s’étaient jetées à l’eau alors que la Garde côtière libyenne s’approchait. Dans un communiqué transmis à l’AFP par La France insoumise, Hassan explique que ces personnes « dérivaient sans moteur depuis deux jours, après cinq jours en mer ».

L’équipage du Madleen a lancé un appel aux autorités grecques pour assurer leur sécurité. Rima Hassan a dénoncé un drame révélateur de l’urgence d’une réponse politique européenne conforme au droit international et à la Convention sur les réfugiés.

Macklemore soutient le Madleen lors d’un concert

 Hier, le rappeur américain a soutenu le bateau de la Flottille de la Liberté sur scène, en diffusant une vidéo spéciale que Greta Thunberg a enregistrée depuis le navire.

En octobre dernier, il avait annoncé avoir annulé un concert prévu en octobre à Dubaï, en raison du rôle des Émirats arabes unis « dans le génocide ».

L’équipage espère atteindre Gaza le 8 juin et alerter suffisamment l’opinion publique pour enclencher un mouvement global. Le média israélien de Partick Drahi, I24News a toutefois annoncé que l’armée israélienne allait déployer un commando maritime pour intercepter le bateau humanitaire.

« Si Israël nous arrête ou nous attaque, ce ne sera plus un bateau la semaine suivante, mais des centaines », anticipe Thiago Ávila.

Sources : Médiapart, Le Parisien.