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Photo : Greg Fiori

Mouvement du 10 septembre : La France se mobilise contre Macron

Partout en France, la journée « Bloquons tout » a agrégé des colères hétérogènes, des ronds-points varois aux places des métropoles. Entre 175 000 et 250 000 personnes ont défilé selon les sources, sous un dispositif policier massif, avec une revendication qui s’impose partout : faire partir Emmanuel Macron. 

La France n’a pas été paralysée, mais le pays a bel et bien vibré mercredi 10 septembre. Dès l’aube, les boucles Telegram se sont enflammées et des groupes se sont essayés aux blocages, des portes du périphérique parisien aux dépôts de bus, des ronds-points aux plateformes logistiques. Très vite, les unités de police et de gendarmerie, déployées massivement, ont dispersé les attroupements à coups de lacrymogènes. Dans l’après-midi, le ministère de l’intérieur recensait 550 rassemblements et 262 blocages, pour environ 175 000 participants, quand la CGT revendiquait 250 000 manifestants. Les autorités ont fait état de centaines d’interpellations, dont plus de deux cents à Paris.

Au-delà de l’hétérogénéité des cortèges, un point de fuite s’impose : la demande de départ du chef de l’État, par démission ou destitution. Dans nombre de villes moyennes et petites communes plus ancrées à droite, des figures des « gilets jaunes » ont refait surface, faisant revivre les ronds-points. Dans le Var, à proximité de l’autoroute A8, des filtres ont ralenti la circulation ; plus au nord, à Clermont-Ferrand, où Michelin demeure un repère social et culturel, familles et primo-manifestants ont convergé avec des slogans qui se veulent apolitiques mais explicitement anti-Macron. Marseille a également été le théâtre d’une forte mobilisation.

À Lyon, de violents affrontements se sont déroulés entre manifestants et forces de l’ordre. Des vitrines ont été saccagés et du mobilier urbain a été brulé.

Une violence condamnée par le maire de la Ville, Grégory Doucet et le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard. Sur X, ce dernier estime que « Celle-ci ne construit rien et n’apporte aucune solution ».

La séquence politique a nourri l’embrasement. Deux jours après la chute du gouvernement Bayrou, la nomination express de Sébastien Lecornu à Matignon a été lue par beaucoup comme une provocation. L’ex-ministre des armées, proche du président, a été officiellement nommé le 9 septembre, passation de pouvoir à l’appui. L’opposition, de La France insoumise au Rassemblement national, a dénoncé un choix de continuité en pleine crise sociale, tandis que Matignon promet une méthode « plus créative » et des ajustements budgétaires. 

Le mouvement, né sur les réseaux au cœur de l’été et structuré hors syndicats et partis, a ensuite été adoubé par LFI, particulièrement visible dans les métropoles. Selon l’éducation nationale, une centaine de lycées ont été perturbés, dont 27 bloqués. À Paris, des milliers de personnes se sont rassemblées devant la Fare du Nord. Une foule s’est formée place du Châtelet avant des déambulations éparses.

À Rennes, la Rocade Sud a été bloquée de bon matin. La tension est montée, avec des interventions répétées des forces de l’ordre et des scènes de violence isolées. Là encore, la revendication de « dégager » le président a fonctionné comme dénominateur commun, recouvrant des demandes récurrentes : salaires, pouvoir d’achat, services publics, remise à plat des aides aux entreprises. 

Au fil de la soirée, le bilan s’est alourdi : plusieurs centaines d’interpellations sur l’ensemble du territoire, et un différentiel persistant entre le comptage du ministère et celui de la CGT, classique dans ce type de mobilisation. Alors que des assemblées générales se tiennent pour décider de la suite, un premier jalon se profile déjà : la journée d’action du 18 septembre à l’appel de l’intersyndicale, que certains comptent investir, quand d’autres préfèrent maintenir des actions décentralisées le week-end, à la manière des « gilets jaunes ». Dans l’attente, l’exécutif cherche l’équilibre : sécuriser la rue, négocier un budget sous contrainte et convaincre une opinion qui, ce 10 septembre, a dit sa colère avec une clarté peu contestable. 

Sources :
Le Monde – Mouvement du 10 septembre : la revendication du départ d’Emmanuel Macron, point de liaison des manifestations – Le Monde.fr
Le Monde – En direct, mouvement du 10 septembre : après la journée de mobilisation, des participants réfléchissent déjà aux prochaines actions – Le Monde.fr
Info.gouv.fr – Sébastien Lecornu nommé Premier ministre – 9-10 septembre 2025 – info.gouv.fr+1info.gouv.fr
Reuters – France’s Macron names loyalist Lecornu as new prime minister – 9 septembre 2025 – Reuters
AP News – New French PM Lecornu faces censure threat on first day amid nationwide protests – 10 septembre 2025 – AP News
BFMTV – DIRECT. 10 septembre : bilan des participants et interpellations – 10 septembre 2025 – BFMTVRMC
RTL – EN DIRECT – Blocages du 10 septembre : 175 000 participants – 10 septembre 2025 – 

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