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Une mystérieuse épidémie d’hépatite A frappe Lyon après Nantes

Une recrudescence inattendue de cas d’hépatite A inquiète les autorités sanitaires françaises. Après plusieurs foyers détectés à Nantes, c’est désormais la métropole lyonnaise qui est touchée par une épidémie dont l’origine reste, en partie, inexpliquée. Depuis le mois de juillet 2025, 71 cas ont été enregistrés à Lyon, soit une flambée inédite pour cette pathologie souvent considérée comme marginale en France.

Dans un message adressé aux professionnels de santé le 19 août, la direction générale de la santé (DGS) a souligné la gravité de la situation. Entre janvier et juillet, 73 cas ont été signalés dans le département du Rhône, un chiffre quatre à cinq fois supérieur à celui des années précédentes sur la même période. Le pic de l’épidémie est concentré sur les deux derniers mois, avec une concentration inhabituelle dans le 7ᵉ arrondissement de Lyon, où un tiers des patients contaminés résident.

Les cas sont toutefois dispersés dans plusieurs arrondissements de la ville, ainsi que dans la périphérie lyonnaise, notamment à Villefranche-sur-Saône. La dissémination des infections rend difficile l’identification d’un foyer unique. « Une petite moitié des cas a une origine inconnue », explique Julien Berra, médecin de veille sanitaire à l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes. Pour l’autre moitié, les autorités sanitaires disposent de quelques pistes : des retours de voyage dans des pays où le virus est endémique, la consommation d’eau du robinet dans des zones à risque ou encore la consommation de fruits de mer, à Lyon comme ailleurs.

L’hépatite A, provoquée par le virus VHA, est une maladie infectieuse aiguë du foie qui se transmet principalement par voie oro-fécale. Contrairement aux hépatites B et C, elle ne devient pas chronique et guérit généralement spontanément. Ses symptômes incluent fièvre, nausées, douleurs abdominales, et parfois une jaunisse marquée. Les formes graves sont rares, mais peuvent survenir chez des personnes souffrant déjà de pathologies hépatiques. À Lyon, certains malades ont été brièvement hospitalisés, notamment en période de canicule, mais aucun cas grave n’a été signalé.

Dans un contexte de vigilance renforcée, l’ARS recommande la vaccination des proches des malades, ainsi que des mesures d’hygiène strictes. Les personnes exerçant des métiers en contact avec des populations sensibles – enfants, patients hospitalisés, restauration – peuvent bénéficier d’un arrêt de travail de dix jours, la période de contagiosité maximale s’étendant de dix jours après l’apparition des symptômes jusqu’à trois mois.

Cette épidémie s’inscrit dans une tendance à la hausse observée depuis 2024, après la pause relative liée aux gestes barrières durant la pandémie de Covid-19. « Nous constatons une reprise très forte », alerte Anne-Marie Roque-Afonso, directrice du Centre national de référence (CNR) pour le virus de l’hépatite A. Elle précise que l’année 2025 pourrait dépasser le niveau de 2017, année où 3 391 cas avaient été recensés en France. On approcherait déjà des 900 cas en cours d’année, alors qu’avant 2017, le pays enregistrait moins de 500 cas par an.

Un possible lien entre Lyon et Nantes a également été évoqué. Une souche virale identifiée dans un cluster nantais, notamment dans un camp de Roms, est la même que celle retrouvée chez trois quarts des patients lyonnais. Toutefois, aucun lien formel n’a été établi par les agences régionales de santé, faute de mouvements migratoires identifiés entre les deux régions. La longue période d’incubation du virus – environ un mois – et la fréquence élevée de formes asymptomatiques, notamment chez les enfants, compliquent considérablement la traçabilité des chaînes de transmission.

Depuis le début de l’année, 91 cas ont également été recensés dans la région Pays de la Loire, dont 27 à Nantes rien qu’en juillet. Là encore, aucun cas grave n’a été recensé, bien que 15 patients aient nécessité une hospitalisation. Le phénomène touche des populations très variées, sans profil épidémiologique homogène.

À l’échelle européenne, plusieurs pays d’Europe centrale – l’Autriche, la République tchèque, la Hongrie, la Slovaquie – font aussi état d’une recrudescence des cas entre janvier et mai. Aucune connexion directe avec les foyers français n’a été établie à ce jour, mais le risque de diffusion reste bien réel.

Pour prévenir de nouvelles contaminations, les autorités sanitaires recommandent fortement la vaccination des voyageurs se rendant dans des zones à risque, notamment en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud. Le vaccin contre l’hépatite A est efficace à condition d’être administré au moins deux semaines avant le départ.

La rentrée scolaire et les retours de vacances font craindre une extension de l’épidémie dans d’autres villes. « Le risque est que d’autres métropoles soient touchées dans les prochaines semaines », avertit Anne-Marie Roque-Afonso. Les mois de septembre à novembre constituent habituellement la période la plus propice à l’émergence de nouveaux foyers.

Face à cette situation, la vigilance reste de mise dans les grandes agglomérations. Une campagne d’information pourrait être lancée localement afin de sensibiliser aux gestes de prévention et à la vaccination. Dans l’attente d’investigations plus poussées, la source exacte de cette flambée épidémique à Lyon demeure, pour l’heure, un mystère.

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