En accusant les « boomers » d’avoir contribué à la dette publique au nom de leur « confort », François Bayrou a déclenché une vive controverse. Malgré ses tentatives de clarification, Laurent Wauquiez et Édouard Philippe ont pris leurs distances, dénonçant une fracture générationnelle dangereuse.
Les mots pèsent lourd en politique. Invité jeudi 28 août sur TF1, François Bayrou a pointé du doigt les « boomers » — cette génération née après-guerre — qu’il a jugée responsable d’une part importante de la dette publique au nom de son « confort ». Une formule choc qui a immédiatement embrasé le débat. Le Premier ministre a tenté de rectifier le tir dès le lendemain, expliquant qu’il ne visait pas spécifiquement les retraités. Mais la polémique était déjà lancée et plusieurs figures politiques se sont positionnées.
Samedi 30 août, lors de leurs rentrées politiques respectives, Laurent Wauquiez et Édouard Philippe ont clairement pris leurs distances avec le Béarnais. Depuis le Mont Mézenc, le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale a appelé à l’unité entre générations, en s’appuyant sur sa propre histoire familiale. « Je ne veux pas qu’on esquive nos responsabilités. Nos “boomers”, ce sont aussi nos parents », a-t-il déclaré, saluant le travail et l’abnégation de sa mère et de son père. Pour lui, rendre une génération entière responsable des difficultés budgétaires revient à éluder le rôle des décisions politiques — de la gauche comme de la droite — prises depuis plusieurs décennies, notamment autour des 35 heures ou du RSA.
De son côté, Édouard Philippe, en déplacement à Sucy-en-Brie pour le congrès des Jeunes Horizons, a fustigé ce qu’il a qualifié de « lutte des âges ». « Je n’ai jamais adhéré à la lutte des classes, je n’adhère pas davantage à la lutte des âges », a-t-il martelé. L’ancien Premier ministre estime que les « boomers » ne sauraient être réduits à une vision d’égoïsme : « Ils constituent la première génération qui, arrivant à la retraite, doit souvent assumer aussi la charge de leurs parents », a-t-il rappelé.
En toile de fond, cette controverse survient alors que François Bayrou se prépare à affronter un vote de confiance le 8 septembre. À la fois accusé de désinvolture dans la conduite des négociations budgétaires et désormais critiqué pour sa sortie sur les « boomers », le chef du gouvernement voit ses marges de manœuvre se rétrécir, jusque dans son propre camp.
Source :
Le Parisien – Après la sortie de Bayrou sur les “boomers”, ces alliés prennent leurs distances, 31 août 2025 – lien