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Larry Fink. Photo : @Michael Buholzer/WEF

WEF : Larry Fink, patron de BlackRock, nommé coprésident par intérim en attendant un retour de Klaus Schwab ?

Le Forum économique mondial, fragilisé par l’éviction de son fondateur Klaus Schwab, vient de confier son intérim à Larry Fink, PDG de BlackRock, et à André Hoffmann, héritier du groupe Roche, quatre mois après la nomination de Peter Brabeck-Letmathe, l’ancien patron de Nestlé, à ce poste. Cette nomination témoigne du retour d’influence de Schwab qui après avoir été écartée après une série de lettres anonymes l’accusant d’avoir confondu les fonds du Forum avec ses biens personnels.

Le Forum économique mondial (WEF), organisateur du rendez-vous annuel de Davos, est entré dans une nouvelle phase de transitione. Le 15 août, Larry Fink, patron du géant américain BlackRock, et André Hoffmann, vice-président du groupe pharmaceutique suisse Roche, ont été désignés coprésidents par intérim. Leur nomination marque une étape cruciale dans la recomposition d’une institution en quête de stabilité après l’éviction forcée de Klaus Schwab, son fondateur historique, en avril dernier.

Des accusations à l’encontre de Schwab

En juin 2024, des accusations anonymes signées « Rebecca », prétendant représenter des employés actuels et anciens du WEF, ont dénoncé des pratiques douteuses de Klaus Schwab et son épouse, notamment de mauvaise gestion ou de manipulation du classement de compétitivité des pays, du Forum économique mondial. Une première enquête avait Blanchi le fondateur du Forum, mais en avril 2025, un nouveau courriel de neuf pages relançait les accusations et exigeait sa démission. Sous la pression, Peter Brabeck-Letmathe, PDG de Nestlé et Thomas Buberl PDG d’Axa qui est également président du comité d’audit et des risques du WEF, ont lancé une nouvelle enquête et écarté Schwab.

Le 15 août, le WEF a annoncé que cette enquête indépendante avait blanchi Klaus Schwab et son épouse, ne retenant que des irrégularités mineures liées à un mélange entre dépenses personnelles et activités du Forum, jugées davantage comme le signe d’un engagement excessif que de réelles malversations. Cette enquête a été menée par le cabinet zurichois Homburger, qui avait déjà mené la première investigation, conjointement avec le cabinet américain Covington & Burling, membre du FEM qui a été engagé à plusieurs reprises par le WEF pour des revues internes de sa culture du travail. (World Economic Forum, Chosunbiz, SWI swissinfo.ch). Plusieurs personnalités liées à Covington, comme Sebastian Vos, un ancien Associé chargé des questions de politique publique, ont représenté ou collaboré avec le Forum économique mondial.

L’influence américaine au Forum

André Hoffmann incarne l’ancrage suisse du Forum, tandis que Larry Fink symbolise l’influence toujours plus importante des États-Unis dans la gouvernance du WEF, même si dès ses débuts, le plus puissant lobby du monde a été fondé avec l’aide des Etats-Unis et de la CIA.

La montée en puissance des intérêts américains est toutefois manifeste. Les contributions financières de multinationales comme Google, Meta, JPMorgan, Visa ou encore Pfizer représentent l’essentiel des revenus du WEF. Pour ces acteurs, Davos demeure une plateforme incontournable permettant de concentrer, en quelques jours, des rencontres stratégiques entre dirigeants économiques et politiques, en terrain neutre. Si le Forum se présente comme une tribune destinée à « améliorer l’état du monde », ses principaux bailleurs y voient surtout une opportunité d’affaires au plus haut niveau.

Fondé en 1971, le WEF avait été présenté par Schwab, comme un contrepoids européen au capitalisme actionnarial américain, prônant un modèle plus inclusif intégrant clients, communautés et salariés, son fameux « capitalisme des parties prenantes », censé s’opposer au capitalisme triomphant de Milton Friedman et l’école de Chicago préconisant que les patrons de rendent des comptes qu’à leurs actionnaires.

On peut toutefois douter d’une telle déclaration d’intention alors que Klaus Schwab faisait partie du comité de pilotage du groupe Bildeberg, groupe informelle transatlantique et mondial contemporain de l’OTAN.

Cinquante ans plus tard, une chose est sur, les grandes entreprises américaines tiennent désormais les rênes de Davos et la nomination du PDG de BlackRock, acteur central de la finance mondiale et membre du conseil des « trustees » du Forum, en témoigne. Figure respectée de Wall Street, il entretient des liens avec l’administration Trump, mais pourrait-il à terme tirer sa révérence pour laisser la place à un retour de Schwab ?

À moins que la France fournisse un candidat ou une candidate. Christine Lagarde, actuelle présidente de la Banque centrale européenn et contributrice de l’agenda 2030 du FEM, est pressentie de longue date pour succéder à Klaus Schwab à l’horizon 2027, tandis que le nom de Bruno Le Maire, contributeur du FEM, lui aussi, a également circulé avec insistance après son départ de Bercy. En attendant, Larry Fink et André Hoffmann devront maintenir la crédibilité d’une institution fragilisée.

Sources :
Le Monde – 19 août 2025 – Lien vers l’article

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