Dès la rentrée 2025, la Journée de défense et de citoyenneté (JDC) adopte une forme inédite, teintée de symboles militaires et d’activités de terrain. Une réforme voulue par Emmanuel Macron, qui suscite déjà des critiques parmi les organisations de jeunesse.
C’est une transformation de fond pour un dispositif qui concernait jusqu’ici près de 800 000 jeunes chaque année. À compter de septembre 2025, tous les Français âgés de 16 à 25 ans devront participer à une version renouvelée — et plus « militarisée » — de la Journée de défense et de citoyenneté (JDC), comme le confirme l’entourage du ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
La réforme, annoncée en janvier par Emmanuel Macron, entend « renforcer la conscience civique » des jeunes face aux menaces sécuritaires croissantes en Europe. Le président avait d’ailleurs rappelé, lors de son discours du 13 juillet, à la veille de la Fête nationale, que « les Européens doivent désormais assurer leur sécurité eux-mêmes », évoquant un « arc de crises » aux portes de l’Europe.
Dans les faits, la nouvelle JDC rompt avec les traditionnelles présentations sur les métiers des armées. Elle s’ouvrira désormais par le lever des couleurs et le chant de La Marseillaise. Suivront des exercices pratiques : tir sportif au laser, jeux de stratégie et repas à base de rations militaires. Chaque participant repartira avec un bleuet de France, symbole de mémoire des anciens combattants.
Mais cette militarisation assumée du programme ne fait pas l’unanimité. Du côté de l’Unef, la vice-présidente Salomé Hoquard dénonce une orientation « à contre-courant des aspirations de la jeunesse ». Interrogée par franceinfo, elle critique « une banalisation de la guerre » et regrette que le gouvernement mise sur « une forte militarisation de la jeunesse ». Elle rappelle que les priorités des jeunes restent « la précarité, la sélection à l’université, et la paix dans le monde ».
Ce retour à une JDC empreinte d’imaginaire militaire intervient dans un climat international tendu, où la question de l’autonomie stratégique européenne est de plus en plus centrale. Pour l’exécutif, il s’agit d’un levier éducatif et symbolique, destiné à consolider l’unité nationale. Pour certains syndicats étudiants, c’est au contraire un signal inquiétant sur les choix de société.
Le débat est lancé, alors même que cette refonte s’imposera à l’ensemble des jeunes sans option alternative. Reste à voir si cette initiative parviendra à rallier l’adhésion d’une jeunesse souvent perçue comme éloignée des institutions militaires.
Source : Radio France / franceinfo – 27 juillet 2025
