Alger met fin à une pratique diplomatique héritée de la période post-coloniale : les biens immobiliers prêtés gracieusement à l’ambassade de France devront désormais être payés. Une décision qui s’inscrit dans un climat diplomatique fortement détérioré entre les deux pays.
L’Algérie a annoncé, jeudi 8 août 2025, la fin de la mise à disposition gratuite de biens immobiliers à l’ambassade de France à Alger. Une mesure forte, porteuse de symboles, qui marque un tournant dans les relations algéro-françaises. Transmise via une note verbale, la décision a été notifiée au chargé d’affaires français convoqué au ministère algérien des Affaires étrangères.
Depuis plusieurs décennies, l’ambassade de France, ainsi que plusieurs autres institutions françaises présentes en Algérie, bénéficiaient de baux exceptionnels – voire symboliques – pour l’occupation de nombreux terrains et bâtiments. Selon une dépêche de l’Agence de presse algérienne (APS) datant de mars, la France disposerait actuellement de 61 biens dans le pays, incluant notamment 18 hectares pour l’ambassade et 4 hectares pour la résidence de l’ambassadeur à Alger, baptisée « Les Oliviers ». Le montant du loyer pour cette résidence n’aurait pas dépassé un franc symbolique depuis 1962.
Le communiqué du ministère algérien précise que cette décision vise à rétablir un équilibre dans les rapports bilatéraux : « La représentation diplomatique algérienne en France ne bénéficie d’aucun avantage de cette nature. » Alger estime donc légitime d’introduire une logique de réciprocité dans les échanges diplomatiques et immobiliers. L’Algérie a par ailleurs invité les autorités françaises à envoyer une délégation pour entamer des discussions concrètes sur une révision de l’ensemble des baux concernés, y compris ceux liés aux consulats et instituts culturels français.
Cette rupture avec une politique de tolérance foncière s’inscrit dans un contexte de tensions accrues entre les deux pays. Depuis juillet 2024, les relations franco-algériennes sont profondément détériorées, ponctuées par des expulsions croisées de diplomates, un gel de plusieurs coopérations bilatérales et une défiance publique croissante. La fin de la gratuité des biens prêtés ne constitue pas une mesure isolée, mais s’ajoute à une série d’actes traduisant une volonté algérienne de redéfinir les termes de sa relation avec la France, en particulier sur les plans symbolique et patrimonial.
Sources : Le Figaro, AFP, APS