À la suite des mesures chocs annoncées par François Bayrou la veille pour redresser les comptes publics (43,8 milliards € d’économies, suppression de deux jours fériés…), Sophie Primas et Amélie de Montchalin ont détaillé ce mercredi devant la presse la déclinaison gouvernementale : équilibre budgétaire, investissements prioritaires et dialogue avec les partenaires sociaux et parlementaires.
Le Premier ministre François Bayrou avait déjà semé la stupeur mardi lors de sa conférence : suppression de deux jours fériés, “année blanche” pour gel des prestations sociales, réduction de 43,8 milliards € des dépenses et ambition de ramener le déficit de 5,8 % à 4,6 % du PIB en 2026. Ce plan inédit, baptisé “Stop à la dette”, vise à équilibrer le budget d’ici 2029 tout en épargnant les investissements prioritaires, notamment dans la défense dont le budget augmentera de 3,5 milliards €.
Ce mercredi matin, Sophie Primas a ouvert le compte rendu du Conseil des ministres en réaffirmant les grandes lignes de cette stratégie : produire plus, dépenser mieux, et agir avec courage et lucidité, selon les trois convictions martelées – nécessité, faisabilité, et engagement collectif. Elle a rappelé qu’il n’y avait plus eu de budget à l’équilibre depuis 1974, que la dette devenait un obstacle pour l’armée comme pour l’éducation, et que les efforts pouvaient remobiliser des marges pour la transition écologique, technologique, et sociale.
Amélie de Montchalin a ensuite détaillé la mise en œuvre du plan. Elle a expliqué que l’État porterait à lui seul 75 % de l’effort en 2025, tout en maintenant l’investissement dans la défense, la sécurité (nouveaux Canadairs, brigades de gendarmerie, prisons modulaires), l’écologie, l’éducation, la recherche et la santé . Les collectivités bénéficieraient d’une stabilité budgétaire, tandis que la Sécurité sociale verrait ses dépenses contenues sous la croissance, assurant ainsi la pérennité du modèle social.
Interrogée sur la suppression des deux jours fériés pour augmenter le temps de travail de 0,5 %, elle a insisté : l’objectif est de renforcer la compétitivité nationale sans alourdir les impôts. Ce choix s’établira après négociation avec les partenaires sociaux, notamment pour valoriser les salariés via intéressement ou participation. Elle a également précisé que les niches fiscales seraient évaluées sur leur utilité : celles jugées efficaces seraient maintenues, comme les services à la personne, tandis que l’abattement forfaitaire pour les retraités serait simplifié et redistributif .
Enfin, concernant les budgets ministériels, de Montchalin a assuré qu’aucun ministère n’échapperait à l’effort – tout en soulignant que la justice, l’intérieur, l’enseignement, la recherche et l’écologie bénéficieraient malgré tout d’enveloppes stables ou en hausse pour leurs missions prioritaires, compensées par des réformes internes.
À l’issue du Conseil, la porte-parole a salué le soutien d’Emmanuel Macron, qui a salué un budget empreint de « courage, audace et lucidité ». Le gouvernement appelle désormais les parlementaires à se saisir d’un projet impopulaire, comme l’a révélé un sondage de RTL.