Lors du sommet de l’Otan à La Haye, les 32 membres ont cédé à la pression américaine en promettant d’investir 5 % de leur PIB dans la défense d’ici 2035. Mais la déclaration finale s’ouvre sur un rappel du principe de défense collective, directement adressé à Donald Trump, qui venait de remettre en cause l’article 5.
La déclaration finale du sommet de l’Otan, rédigée à La Haye en cinq paragraphes seulement, débute de manière on ne peut plus claire : les États membres réaffirment leur engagement envers l’article 5, pierre angulaire du traité fondateur de l’Alliance. Ce principe de défense collective, selon lequel une attaque contre l’un est une attaque contre tous, avait été publiquement remis en cause la veille… par Donald Trump lui-même.
Dans l’avion qui le menait aux Pays-Bas, le président américain avait jeté le trouble en insinuant qu’il pourrait ne pas intervenir si un allié était attaqué, selon ses propres critères d’engagement. Une déclaration qui a immédiatement provoqué l’inquiétude des chancelleries européennes et semble avoir été à l’origine de la rédaction du premier paragraphe du communiqué final : une mise au point diplomatique.
Une victoire stratégique pour Trump sur les 5 %
Mais malgré cette mise en garde, le sommet consacre incontestablement la domination de Donald Trump sur l’Alliance. Deux des cinq paragraphes de la déclaration sont dédiés à l’objectif d’investir 5 % du PIB en faveur de la sécurité, d’ici 2035. Un objectif que Trump réclame depuis plusieurs années et qui figurait encore récemment hors de portée pour de nombreux membres.
Le président américain s’en est d’ailleurs félicité, parlant d’« une grande victoire pour tout le monde » : « Je leur demande de passer à 5 % depuis des années, et ils passent à 5 %, c’est énorme […]. L’Otan va devenir très forte avec nous. » Son ton s’est voulu plus apaisé une fois sur place, saluant l’engagement retrouvé des Européens.
Macron et Mertz tentent de reprendre la main
Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Mertz ont tenté de donner une lecture différente de cette avancée. Ils affirment avoir soutenu l’objectif des 5 % « par clairvoyance » sur les défis futurs de sécurité. Mais dans les coulisses, peu de doutes subsistent : c’est bien la pression américaine qui a imposé ce cap, dans un sommet perçu comme taillé sur mesure pour satisfaire Washington.
Ukraine, Russie : des compromis arrachés
Autre point de tension : l’aide à l’Ukraine. Elle figure toujours dans le texte, désormais intégrée aux fameux 5 % du PIB, et assortie d’une mention explicite du rôle de Kiev dans la sécurité euro-atlantique alors que Zelensky a publié une déclaration ce samedi 21 juin exhortant ses alliés occidentaux à consacrer 0,25 % de leur produit intérieur brut à l’aide à la production d’armement ukrainien.
Les mots de la déclaration rédigé aujourd’hui ont été âprement négociés, Trump ayant initialement souhaité exclure toute mention de la Russie. Le communiqué mentionne finalement « la menace à long terme posée par la Russie ».
Une Otan plus forte… mais plus fracturée ?
Avec seulement cinq paragraphes, contre une quarantaine l’an dernier sous Joe Biden, la déclaration finale de La Haye est courte, mais lourde de signification. Elle acte le tournant militaire voulu par Washington, tout en révélant les tensions internes d’une Alliance en quête d’équilibre entre engagement collectif et leadership américain. L’article 5 est réaffirmé, mais la dépendance aux États-Unis reste entière.
Source : Huff Post.