Emmanuel Macron a profité du sommet de l’OTAN qui se déroule aujourd’hui à La Haye pour appeler à une profonde transformation de la défense européenne. Face à l’épouvantail russe et à l’instabilité mondiale, le président français plaide pour un réarmement massif, une consolidation de l’autonomie stratégique de l’Europe et une véritable « paix commerciale » entre alliés.

Le chef de l’État a insisté sur l’importance de structurer un véritable pilier européen au sein de l’OTAN. « Nous devons avoir une Europe qui dépense davantage, qui prend davantage ses responsabilités pour sa sécurité », a-t-il martelé, soulignant que cela répondait à la fois à une attente américaine et à une nécessité européenne.

Ce renforcement passe par un investissement massif dans l’industrie de défense européenne. Macron a salué les nouveaux programmes de l’Union européenne, notamment SAFE et EDIP, qui réservent 65 % des financements aux industriels européens. « Une Europe qui défend plus doit aussi produire davantage », a-t-il déclaré.

La menace russe au cœur des priorités

Le président a rappelé que la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine avait entériné une réalité géopolitique : « Nous vivons la troisième guerre russe en Europe ». Ce contexte impose selon lui un effort budgétaire soutenu et pérenne, avec des forces capables de se projeter rapidement, comme ce fut le cas en Roumanie après le déclenchement du conflit.

Il a défendu l’objectif d’atteindre 3,5 % du PIB consacré à la défense, tout en rappelant que la France avait d’ores et déjà doublé son budget militaire depuis 2017, passant de 32 à plus de 60 milliards d’euros par an.

Vers une doctrine de sécurité post-guerre froide

Au-delà de la réponse militaire, Macron a plaidé pour une réflexion de fond sur les nouvelles garanties de sécurité européenne. Il a évoqué la nécessité de « repenser les cadres » allant de la mer Noire à l’Arctique, dans une logique de non-prolifération et de limitation des capacités offensives. Il regrette la disparition des traités de la guerre froide, comme celui sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI), tombé en 2019 dans une indifférence générale.

L’indépendance industrielle et la paix commerciale

Sur fond de tensions commerciales entre alliés, Emmanuel Macron a prévenu : « On ne peut pas dans l’OTAN appeler à plus de dépenses tout en se faisant la guerre commerciale ». Il a réaffirmé son attachement à une politique d’achats européens dans la défense, pour des raisons d’indépendance stratégique et de retour industriel. Acheter américain revient, selon lui, à s’exposer à des autorisations politiques étrangères et à affaiblir la souveraineté des pays européens.

Des cessez-le-feu espérés en Ukraine, à Gaza et avec l’Iran

Le président français a exprimé sa volonté d’obtenir des cessez-le-feu simultanés en Ukraine, à Gaza et entre l’Iran et Israël. Il voit dans l’apaisement avec l’Iran un levier diplomatique à ne pas négliger pour peser dans les négociations globales.

Quant à sa relation avec Donald Trump, Emmanuel Macron a affirmé rester constant dans sa ligne : « direct et respectueux ». Il dit défendre le paquet de sanctions contre la Russie proposé par la Commission européenne, en lien avec les États-Unis.