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Jacqueline Rivault. Image : Capture d'écran BFMTV.

Paris : Une plainte pour crimes contre l’humanité après la mort de deux enfants français à Gaza

La grand-mère de deux enfants franco-palestiniens tués lors d’un bombardement israélien dans la bande de Gaza a déposé plainte le 5 juin auprès du pôle « Crimes contre l’humanité » du tribunal judiciaire de Paris. Soutenue par la Ligue des droits de l’homme, Jacqueline Rivault réclame l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.

Cette initiative vise à obtenir justice pour  Janna et Abderrahim Abudaher, alors âgées de 9 et 6 ans, tués dans la nuit du 23 au 24 octobre 2023. Leur petit frère Omar, alors âgé de deux ans et demi, avait été grièvement blessé dans la même frappe. Leur mère, Yasmine, militante humanitaire installée à Gaza depuis 2016, a également été touchée physiquement et psychologiquement.

Une démarche pour la mémoire et la vérité

Dans une conférence de presse bouleversante qui s’est tenue aujourd’hui, Jacqueline Rivault a expliqué sa démarche : « Je ne voulais pas qu’ils soient oubliés. » Après avoir tenté en vain de mobiliser des responsables politiques en 2024, elle a pris la décision d’aller jusqu’au bout juridiquement, malgré les risques encourus. « Ma fille a peur pour moi, mais à mon âge, ce n’est plus très grave », a-t-elle confié.

Selon l’avocat de la famille, Arié Alimi, la plainte entend faire reconnaître une série de violations graves du droit international humanitaire : absence de zones de protection pour les civils, bombardements répétés, détentions arbitraires, violences sexuelles et psychologiques, exécutions sommaires et politique d’impunité.

Le silence de la justice française mis en cause

La plainte vise également à dénoncer l’inaction du Parquet national antiterroriste, qui, malgré la reconnaissance officielle de la mort des enfants par le Quai d’Orsay, n’a pas déclenché d’enquête judiciaire. « Il y a un deux poids deux mesures, a dénoncé l’avocat. S’il s’était agi d’autres ressortissants français, ailleurs qu’à Gaza, une information judiciaire aurait été ouverte depuis longtemps. »

Une mère entre fidélité et douleur

Yasmine, la mère des enfants, a refusé de quitter Gaza malgré les sollicitations du Quai d’Orsay. Deux raisons expliquent ce choix : l’interdiction faite à son mari de quitter le territoire et la volonté de rester auprès de ses enfants enterrés sur place. « Partir, ce serait les abandonner. Ce serait aussi abandonner tous les Palestiniens qui vivent un calvaire quotidien », explique Jacqueline Rivault.

Omar, le dernier enfant survivant, est aujourd’hui âgé de cinq ans. Traumatisé, il ne comprend pas encore l’absence définitive de sa sœur et de son frère. « Il demande sans cesse quand ils vont revenir », a raconté sa grand-mère, la voix nouée.

Une plainte à portée symbolique et politique

Cette plainte pourrait avoir un impact bien au-delà du dossier familial. Elle pourrait, selon les avocats, entraîner l’émission de mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de responsables israéliens. « Ce serait un signal fort, dissuasif, et un levier politique important dans un contexte où la communauté internationale commence à réagir », a affirmé Nathalie Elthéo, présidente de la LDH.

La procédure devrait être confiée à plusieurs juges d’instruction spécialisés dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Elle s’annonce longue, complexe, mais inévitable au vu du droit français, qui impose l’ouverture d’une instruction lorsqu’il s’agit de victimes françaises.

Vers une reconnaissance judiciaire du drame de Gaza ?

Alors que les instances internationales, comme la Cour pénale internationale, ont récemment franchi un cap en émettant des mandats d’arrêt, la France pourrait être confrontée à ses propres responsabilités. « Le discours en France a changé, a noté l’avocat. Il est temps que la justice suive», estime l’avocat de Jacqueline Rivault.

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