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Annalena Baerbock a été élu le 2 juin présidente de la 80e Assemblée générale de l'ONU.

Annalena Baerbock élue présidente de la 80e Assemblée générale de l’ONU : une nomination sous tension

L’ancienne ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a été élue ce lundi 2 juin présidente de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Avec 167 voix sur 193 États membres, elle devient la première femme européenne et la cinquième femme de l’histoire à occuper ce poste prestigieux, même si cette nomination n’est pas sans susciter des tensions.

L’Assemblée générale des Nations unies, organe central de délibération et de décision de l’ONU, s’apprête à ouvrir sa 80e session le 9 septembre 2025 à New York. Élue à sa présidence, l’ancienne ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock incarnera pour un an la voix symbolique des 193 États membres. Cette session anniversaire sera placée sous le thème « Better Together », appelant à renforcer la coopération face aux crises mondiales : conflits, climat, inégalités et réformes de la gouvernance internationale. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a notamment lancé l’initiative « UN80 », visant à moderniser le fonctionnement de l’Organisation pour mieux répondre aux défis contemporains. En marge de l’Assemblée générale, plusieurs forums et sommets seront organisés, notamment le Private Sector Forum le 22 septembre et le Leaders Summit le 23 septembre, réunissant des acteurs du secteur privé, de la société civile et des gouvernements pour discuter des Objectifs de développement durable.

L’élection de la présidente de la 85e Assemblée générale

Le ou la président(e) de l’Assemblée générale de l’ONU dirige les débats entre les 193 États membres pendant un an. Il ou elle fixe l’ordre du jour, représente l’Assemblée auprès des autres organes onusiens et facilite les discussions diplomatiques. Le poste tourne chaque année entre les régions du monde.

Traditionnellement, l’élection du président de l’Assemblée générale se fait par acclamation. Cependant, cette année, la Russie a exigé un vote à bulletin secret, exprimant son opposition à la candidature de Baerbock. Le représentant permanent adjoint de la Russie auprès de l’ONU, Dmitry Polyanski, a critiqué l’allemande à la mi-mai : « Mme Baerbock a prouvé de façon répétée son incompétence, ses partis pris extrêmes et son manque de connaissance des principes de base de la diplomatie ». « La décision des autorités à Berlin de pousser sa candidature (…), au lieu de la candidate qui avait été annoncée précédemment et qui convenait à tout le monde, n’est rien moins que cracher au visage de l’organisation mondiale. »

Une présidence sous le signe de l’unité ?

Née le 15 décembre 1980 à Hanovre, Annalena Baerbock est membre du parti Alliance 90/Les Verts. Elle a été ministre fédérale des Affaires étrangères de l’Allemagne de décembre 2021 à mai 2025.

Dans son discours d’acceptation, Baerbock a déclaré vouloir être une « négociatrice honnête » et a choisi pour thème de sa présidence « Mieux ensemble » (« Better Together »). « Mon aspiration pour cette présidence est de jeter des ponts par-dessus tout ce qui nous sépare. D’écouter toutes les voix au sein de l’Assemblée générale. De rétablir la confiance et le consensus nécessaires pour faire avancer notre programme commun », a déclaré l’allemande en référence à Notre programme commun, la réforme de la gouvernance mondial dans laquelle se sont engagés les états membres de l’ONU.

Elle a souligné les défis mondiaux actuels, notamment les conflits armés, la crise climatique et les inégalités, appelant à une coopération renforcée entre les États membres. Elle affirme vouloir « rétablir la confiance et le consensus », mais cela semble mal parti vu les réactions russes et le passif de Baerbock avec la Chine.

Le passé nazi du grand père d’Annalena Baerbock

Dmitry Polyanskiy ne décolère pas alors que Baerbock avait appelé à exclure la Russie et la Biélorussie des cérémonies commémoratives de la deuxième guerre mondial. Le diplomate russe allègue que l’allemande s’était dite fière de son grand-père, ancien membre de la SS, même si cette information est présentée comme de la désinformation sur les moteurs de recherche ou modèles d’IA générative tels que Chat GPT. Un article du média allemand Bild publié en février 2024 a pourtant fait des révélations sur le passé nazi de Waldemar Baerbock qui apparaît désormais, selon les archives, comme un « national-socialiste convaincu », ayant lu Mein Kampf et totalement aligné avec l’idéologie nazie. Cela pose la question de la réglementation By design des grands modèles d’IA qui peut s’avérer problématique.

Le passif de Baerbock avec la Chine

Durant son mandat de ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock s’est régulièrement heurtée à la diplomatie chinoise. Très critique à l’égard de Pékin, elle a dénoncé publiquement les violations des droits humains au Xinjiang, la répression à Hong Kong, et le renforcement militaire autour de Taïwan.

En septembre 2023, lors d’un déplacement à New York, elle avait qualifié le président chinois Xi Jinping de « dictateur », lors d’une interview avec Fox News, une déclaration qui avait suscité une vive réaction de Pékin. Le ministère chinois des Affaires étrangères avait convoqué l’ambassadeur d’Allemagne, dénonçant une ingérence grave dans les affaires intérieures de la Chine et une atteinte aux « faits fondamentaux ».

Le 29 octobre 2024, lors de son arrivée en Chine, la ministre allemande des Affaires étrangères,n’a été accueillie par aucun représentant officiel chinois à l’aéroport. Seuls des agents de sécurité étaient présents, ce qui a été perçu comme un camouflet diplomatique.

Baerbock incarnait, aux yeux de Pékin, une ligne européenne dure, en opposition avec celle plus pragmatique d’Emmanuel Macron ou d’Olaf Scholz.

Le soutien de Baerbock aux bombardements israéliens

Annalena Baerbock, lorsqu’elle était ministre allemande des Affaires étrangères, plaidait pour le droit à l’autodéfense d’Israel face au Hamas. Elle affirmait que ce droit inclut la possibilité de neutraliser les terroristes, même lorsque ceux-ci se cachent ou se retranchent derrière des civils ou dans des infrastructures civiles comme des écoles : « Si les terroristes du Hamas se retranchent derrière des civils ou des écoles, nous devons agir, même dans des zones extrêmement sensibles ».

Une déclaration dénoncée par le journaliste britannique Afshin Rattansi dans le tweet ci-dessous : « Le fait que cette criminelle de guerre soit autorisée à assumer le titre de présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, au lieu de passer le reste de ses jours enfermée à La Haye, prouve que l’« ordre fondé sur des règles » n’était rien d’autre qu’un code pour la barbarie coloniale. »

Loin de faire consensus, l’élection de Baerbock à la tête de l’Assemblée générale de l’ONU ne manquera donc pas de raviver les suspicions chinoises et russes sur l’impartialité de certaines instances internationales, mais également de décontenancer ceux qui accusent Israël de génocide à Gaza, comme l’affirme d’ailleurs l’ONU.

Sources : rfi.fr, timesofisrael.com, lecourrier.vn, lepetitjournal.com, timesofisrael.com, apnews.com, wikipedia.org, wikipedia.org, Bild, apnews.com.

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