Les récentes déclarations de Gérald Darmanin et Sophie Primas établissant un lien entre la Russie et le terrorisme en France ont suscité une réaction indignée de Mickaëlle Paty, sœur de Samuel Paty, l’enseignant assassiné en 2020. Elle accuse le gouvernement d’instrumentaliser le drame de son frère à des fins politiques et diplomatiques.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, lors d’une intervention sur CNews et Europe 1 le 12 mars dernier a affirmé que la menace terroriste en France se confondait parfois avec la menace russe, évoquant notamment le fait que les assassins de Samuel Paty et Dominique Bernard étaient d’origine tchétchène et de nationalité russe.
« Ceux qui assassinent Samuel Paty, c’est qui ? Ce sont des citoyens russes, tchétchènes. […] Ils sont fichés S, radicalisés, islamistes, ils sont russes et la Russie ne les reprend pas », a déclaré Gérald Darmanin.
Des propos repris ensuite par Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, qui a déclaré : « Samuel Paty a été assassiné par un Tchétchène russe. Donc y compris sur le terrorisme, le rôle de la Russie est engagé. »
Mickaëlle Paty dénonce une récupération politique
Ces déclarations ont provoqué la colère de Mickaëlle Paty, qui a vivement réagi dans les colonnes du Figaro le lendemain en contestant tout lien entre l’attentat contre son frère et une quelconque implication de la Russie :
« Je suis stupéfaite d’entendre de la bouche de la porte-parole du gouvernement que le rôle de la Russie est engagé dans l’attentat contre mon frère Samuel Paty, alors que rien, durant toute l’enquête, n’a permis de faire le moindre lien entre le terroriste Anzorov, réfugié en France, et la Russie. »
Elle accuse le gouvernement de chercher à justifier sa politique étrangère en détournant la réalité des faits et rappelle que c’est l’État français qui a refusé d’expulser la famille de l’assassin de Dominique Bernard.
L’État français mis en cause dans la gestion des expulsions
Mickaëlle Paty souligne que la responsabilité de la France est engagée dans la gestion des expulsions d’individus radicalisés. Elle évoque notamment le cas de Mohammed Mogouchkov, assassin de Dominique Bernard, dont la famille aurait dû être expulsée en 2014, mais dont l’expulsion a été annulée sous la pression d’associations de gauche.
Elle rappelle que : seul le père du terroriste a été expulsé en 2018, avant de revenir en France en 2019, tandis que Mohammed Mogouchkov avait été débouté du droit d’asile, mais bénéficiait d’un régime de protection, car il était entré en France avant ses 13 ans.
Ces éléments renforcent, selon elle, la nécessité de repenser la politique d’expulsion des individus radicalisés, sans chercher à imputer la responsabilité à un État étranger.
Les propos du gouvernement sur un lien supposé entre la menace russe et les attentats en France sont vivement contestés par Mickaëlle Paty, qui y voit une récupération politique. Alors que la question de l’expulsion des individus radicalisés reste un débat brûlant en France, cette prise de position relance la controverse sur la responsabilité des autorités face à la menace terroriste.