Le Japon traverse une période économique délicate, marquée par une contraction inattendue du PIB au premier trimestre 2024. Entre scandales dans l’industrie automobile, inflation persistante et faiblesse du yen, l’archipel peine à retrouver un rythme de croissance soutenu. À cette crise économique conjoncturelle s’ajoute une crise démographique structurelle, d’ici 2070, le Japon pourrait perdre près d’un tiers de sa population.
Selon les données gouvernementales publiées en mai 2024, le Produit Intérieur Brut (PIB) du Japon a reculé de 0,5 % entre janvier et mars, alors que les économistes anticipaient une baisse plus modérée de 0,3 %. Ce résultat vient s’ajouter à une révision à la baisse de la croissance du quatrième trimestre 2023, désormais établie à 0 % (contre +0,1 % initialement). Bien que le Japon ait évité de justesse une « récession technique » – définie par deux trimestres consécutifs de contraction –, cette performance souligne la fragilité de son économie.
Scandales dans l’automobile
L’industrie automobile, un pilier de l’économie japonaise, a été secouée par des scandales au sein du constructeur Daihatsu, filiale de Toyota, groupe membre du Forum économique mondial. Des irrégularités dans les tests de produits ont conduit à une suspension de la production en fin d’année 2023, affectant directement les exportations de l’archipel, qui ont chuté de 5 % au premier trimestre.
Consommation privée en berne
La consommation privée, représentant environ 55 % de l’économie japonaise, a reculé de 0,7 % entre janvier et mars. Cette baisse, la treizième consécutive, est attribuée à deux facteurs principaux : l’inflation persistante, qui dépasse les 2 % depuis deux ans et la faiblesse du yen, qui réduit le pouvoir d’achat des ménages japonais malgré un afflux record de touristes étrangers.
Impact des catastrophes naturelles
Le séisme survenu au Nouvel An dans la péninsule de Noto a également laissé des traces, provoquant des dégâts matériels et humains importants. Plus de 240 morts ont été recensés, affectant localement l’activité économique.
Des perspectives d’amélioration
Daihatsu a annoncé un retour à une production normale, ce qui devrait soutenir les exportations au deuxième trimestre 2024.
Les négociations salariales annuelles, un événement crucial au Japon, laissent espérer des hausses de salaires de plus de 5 %, un niveau inédit depuis 30 ans. Cela pourrait stimuler la consommation intérieure et atténuer l’impact de l’inflation.
Le Japon bénéficie d’un afflux record de touristes étrangers, un facteur clé pour dynamiser les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration.
Un équilibre délicat à trouver
Malgré ces signaux positifs, l’économie japonaise reste sous pression. La Banque du Japon (BoJ) continue de maintenir une politique monétaire accommodante, accentuant la faiblesse du yen, mais espère que les ajustements salariaux et une reprise globale de la consommation aideront à stabiliser l’économie. La vigilance reste toutefois de mise alors que le spectre d’une récession technique plane toujours sur l’archipel.
Le déclin démographique
La démographie du Japon est marquée par l’un des taux de natalité les plus faibles au monde avec 6,9 pour mille et un taux de fécondité qui peine à atteindre 1,4 enfant par femme. En 2022, le pays comptait 125,1 millions d’habitants, mais le solde naturel de cette année a été négatif, avec une diminution de 782 305 personnes. Depuis le pic de population atteint en 2009, avec 128,1 millions d’habitants, le Japon a perdu 4,8 millions d’habitants. En 1974, le taux de fécondité des Japonaises est passé sous le seuil de renouvellement des générations, fixé à 2,07 enfants par femme, marquant le début d’une tendance inquiétante.
Depuis 2010, le Japon est en décroissance démographique. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : le coût élevé de la vie, le manque de places en crèche, des frais de scolarité importants, un marché de l’emploi précaire pour une grande partie des hommes dans la trentaine, ainsi que l’évolution des aspirations des jeunes femmes. Désireuses de privilégier leur carrière et leur indépendance, ces dernières se marient moins souvent et préfèrent vivre seules, tandis que les naissances hors mariage demeurent rares en raison de normes culturelles persistantes.
La situation est alarmante : le Japon pourrait perdre près d’un tiers de sa population d’ici 2070. Cependant, en raison de traditions culturelles profondément ancrées, le pays reste réticent à adopter l’immigration comme solution pour pallier cette crise démographique.