Le Washington Post a annoncé, dans une décision historique, qu’il ne soutiendra aucun candidat lors de l’élection présidentielle américaine. William Lewis, directeur général du journal, a confirmé vendredi que cette décision marquait un « retour aux sources » pour le quotidien, qui avait déjà adopté une position similaire en 1960 lors du duel entre John F. Kennedy et Richard Nixon. Ce choix suscite de nombreuses réactions, notamment de la part du syndicat des journalistes du journal, qui s’inquiète d’une possible ingérence du propriétaire du Post, Jeff Bezos.
Alors que l’élection présidentielle oppose actuellement la vice-présidente démocrate Kamala Harris et l’ancien président républicain, Donald Trump, le Washington Post a choisi de ne pas se positionner en faveur d’un candidat, une première en plus de 60 ans. Cette décision intervient alors que le journal avait, par le passé, soutenu les candidats démocrates lors des élections de 2008, 2012, 2016 et 2020.
Le syndicat des journalistes du Post a exprimé sa « très grande préoccupation » face à cette décision, surtout à seulement 11 jours du scrutin. Selon eux, un soutien en faveur de Kamala Harris avait déjà été rédigé mais n’a pas été publié, possiblement en raison d’une intervention de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et propriétaire du journal depuis 2013. Bezos, qui a signé d’importants contrats avec le gouvernement américain ces dernières années et ne souhaite peut-être pas se mouiller en cas de victoire de Trump, est accusé par certains d’influencer les décisions éditoriales.
Une réaction mitigée du public
La décision de ne pas soutenir de candidat a également provoqué une avalanche de commentaires furieux de la part des lecteurs du journal. De nombreux abonnés ont menacé de résilier leur abonnement, dénonçant une « lâcheté » de la part du journal.
Un phénomène qui s’étend à d’autres journaux
Le Washington Post n’est pas le seul grand quotidien à faire face à ce type de polémique. Récemment, le propriétaire du Los Angeles Times a bloqué une décision similaire du comité éditorial, qui souhaitait soutenir Kamala Harris. À l’inverse, des journaux comme le New York Times, le Boston Globe, ou encore le Philadelphia Inquirer ont officiellement apporté leur soutien à la candidate démocrate.
Du côté des journaux conservateurs, le New York Post, propriété de Rupert Murdoch, a pris position en faveur de Donald Trump, même si les médias mainstream sont plutôt pro-Démocrates et que des critiques de partialité s’élèvent également, les Républicains se tournant d’ailleurs vers les médias alternatifs.
Une perte d’influence pour les grands médias
Ces annonces successives interviennent dans un contexte où les grands noms de la presse américaine perdent progressivement de leur influence auprès des électeurs, au profit des réseaux sociaux. Le réseau social X caracole par exemple en tête des sources d’informations aux Etats-unis. C’est d’ailleurs pour cela qu’Elon Musk parle des « ex-média mainstream ».
Les candidats eux-mêmes se tournent vers d’autres supports pour toucher leur public, comme les podcasts, comme en témoigne la participation de Trump hier, à celui de Joe Rogan. ou des plateformes comme TikTok et X, marquant ainsi un changement profond dans le paysage médiatique et politique américain.