À l’occasion du 80ᵉ anniversaire de la victoire contre le Japon, Pékin s’apprête à accueillir un événement diplomatique sans précédent. Xi Jinping, Vladimir Poutine et Kim Jong-un apparaîtront côte à côte lors des cérémonies officielles du 3 septembre. Une rencontre symbolique, entre mémoire historique, rééquilibrage géopolitique et tentatives de rapprochement stratégique.
Le 3 septembre, la Chine commémorera en grande pompe le 80ᵉ anniversaire de la victoire contre l’empire du Japon. Pour marquer cette date fondatrice, le Parti communiste a prévu un défilé militaire d’ampleur sur la place Tian’anmen, vitrine du prestige et de la puissance nationale. Mais au-delà de la mise en scène, c’est la présence annoncée de plusieurs chefs d’État qui attire l’attention, et plus encore l’apparition conjointe de Xi Jinping, Vladimir Poutine et Kim Jong-un.
L’invitation adressée au dirigeant nord-coréen constitue un événement rare, presque historique. Depuis la fondation de la République populaire démocratique de Corée en 1948, les dirigeants suprêmes de Pyongyang ont scrupuleusement évité d’apparaître dans des forums multilatéraux, afin de préserver leur statut d’autorité « unique et suprême ». La dernière participation d’un leader nord-coréen à une rencontre internationale remonte à 1980, lorsque Kim Il-sung assista aux funérailles du maréchal Tito en Yougoslavie. L’éventuelle image de Kim Jong-un aux côtés de Xi Jinping et de Vladimir Poutine marquera donc une rupture dans la stratégie diplomatique de Pyongyang.
Derrière le symbole, les enjeux sont multiples. Pékin, allié historique mais méfiant à l’égard des ambitions nucléaires de la Corée du Nord, voit d’un mauvais œil son implication dans la guerre en Ukraine. Pour Kim Jong-un, la rencontre sera l’occasion de réchauffer des relations refroidies avec son partenaire chinois, tout en consolidant son axe stratégique avec Moscou. Selon la presse sud-coréenne, l’événement pourrait également préparer le terrain à une éventuelle reprise du dialogue entre Washington et Pyongyang, Donald Trump ayant récemment exprimé son souhait de renouer le fil avec le régime nord-coréen.
Une question persiste : assiste-t-on à la naissance d’une véritable coalition tripartite entre Pékin, Moscou et Pyongyang ? Si la Chine, la Russie et la Corée du Nord affichent un front commun face à l’Occident, leur vision de l’ordre international diverge. Kim Jong-un et Vladimir Poutine appellent de leurs vœux un « nouvel ordre mondial multipolaire », tandis que Xi Jinping reste attaché à une architecture internationale centrée sur les Nations unies et le droit international. L’histoire, enfin, incite à la prudence : jamais Pékin, Moscou et Pyongyang n’ont réussi à maintenir une alliance durable, y compris au plus fort de la guerre froide.
La cérémonie du 3 septembre, par son caractère hautement symbolique, donnera peut-être les premières réponses. Mais elle illustre déjà un basculement : l’affirmation de nouvelles convergences autoritaires au moment où l’ordre mondial semble vaciller.
Source : Courrier international – Xi Jinping, Vladimir Poutine et Kim Jong-un bientôt réunis à Pékin : une “coalition tripartite” ? – Lien – 29 août 2025