Vincent Bolloré, figure emblématique du monde des affaires français et président du groupe Canal+, a pris la parole le 13 mars 202 devant la commission d’enquête parlementaire chargée de réévaluer l’attribution des fréquences de la TNT. Durant son audition, Bolloré a revendiqué sa foi catholique et exprimé ses convictions sur le sujet de l’avortement.
Une série de cadres de CNews, y compris des présentateurs de renom tels que Pascal Praud, Laurence Ferrari, Christine Kelly, ou Sonia Mabrouk, ainsi que le directeur de l’information, Thomas Bauder, ont été interrogés le 1er mars par une commission d’enquête à l’Assemblée nationale française, menée par le député Renaissance, Quentin Bataillon, et son rapporteur, l’insoumis Aurélien Saintoul. La délégation de CNews était convoquée au Palais-Bourbon dans le cadre d’une commission d’enquête à l’occasion de la prochaine attribution des fréquences de la TNT. L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) devait en déterminer si elle décidait de redonner ou non un certain nombre de fréquences à des chaînes comme C8 ou CNews.
Le groupe de Bolloré était dans le collimateur de la chaine de l’Arcom à la suite notamment des nombreux dérapages de son animateur Cyril Hanouna. Cette commission avait été « initiée par La France Insoumise en décembre », comme l’a rappelé le député Renaissance, Quentin Bataillon, passé par Bygmalion et rapporteur d’un rapport sur l’avenir de l’audiovisuel public, qui préconisait de renforcer la cellule de fact-checking de France Télévisions pour lutter contre la désinformation.
Le secrétaire général de RSF et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Christophe Deloire, avait également obtenu au mois de février de la part du Conseil d’Etat, qu’il enjoigne l’Arcom à mettre en demeure CNews « de se conformer à ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information ». Cela lui avait d’ailleurs valu de nombreuses critiques. Il devait d’ailleurs être auditionné le même jour que Vincent Bolloré, mais il a été excusé pour raison de Santé. Le journaliste Alexis Poulin s’était par exemple étonné que RSF enfonce un média au lieu de le défendre. Car au delà de la question de la ligne éditoriale de la chaine dirigée par Vincent Bolloré, se posait également la question de la liberté d’expression.
Une infographie sur l’avortement diffusée sur CNews, lors de l’émission religieuse « En quête d’esprit » intitulée « L’avortement : une blessure de l’âme » avait par exemple suscitée la polémique lors de l’audition des cadres de CNews, alors que la question de la constitutionnalisation de l’IVG semble être au coeur de l’agenda mondial, comme en atteste les débats de la présidentielle en amérique, ou les déclarations venues d’Espagne.
L’incident a servi de point central lors de l’audition, où les dirigeants de CNews ont été confrontés à des questions difficiles sur leur processus éditorial et la prétendue influence de Vincent Bolloré, qui détient par ailleurs le journal « France Catholique ».
Durant son audition, l’homme d’affaires breton s’est notamment exprimé sur ce sujet sensible tels, qu’il a décrit comme « quelque chose de terrible » mettant en confrontation « la liberté des gens à disposer d’eux-mêmes » et celle « des enfants à vivre ». Il a partagé une expérience personnelle our illustrer son point de vue, révélant qu’une femme avec qui il avait été en relation était tombée enceinte à un moment inopportun, un événement auquel il dit penser chaque jours.
Au-delà de ses convictions personnelles, Vincent Bolloré a affirmé ne pas exercer de contrôle direct sur les contenus diffusés par les chaînes du groupe Canal+, malgré les critiques qui l’accusent régulièrement de vouloir promouvoir une idéologie d’extrême droite à travers ses médias. Bolloré, se décrivant comme « démocrate-chrétien » issu d’une « famille catholique, bretonne, riche et célèbre », qui détenait les feuilles OCB, a tenu à préciser que ses convictions religieuses n’entravent en rien sa capacité à respecter et à valoriser la diversité des croyances.
Si la France se veut une démocratie, elle doit pouvoir permettre à des opinions contradictoires de s’exprimer que cela soit en matière de politique, de science ou de questions éthiques.