Maurice Vincent, ancien maire de Saint-Etienne, président de Saint-Etienne Métropole et sénateur, joue aujourd’hui un rôle clé au sein de « La Convention », le mouvement politique initié par Bernard Cazeneuve. Dans une interview exclusive accordée à notre collègue, Gilles Charles, il partage sa vision pour refonder la social-démocratie en France, avec un œil tourné vers les élections présidentielles de 2027.
« C’est un mouvement qui rassemble 7000 adhérents pour l’instant au niveau national, qui est présent dans tous les départements et qui a pour but de refonder et de relancer la social-démocratie, un mouvement réellement social-démocrate en France, dans la perspective des années qui viennent », a expliqué Maurice Vincent, précisant que La Convention sera présente « aux élections européennes, à travers des prises de position, des meetings, des encouragements », mais qu’elle ne présentera pas nécessairement de liste.
« Un mouvement réformiste de gauche réellement social-démocrate doit être présent et doit être représenté », a-t-il martelé en soulignant la nécessité de contrer la montée de l’extrême droite en Europe, alimentée par les craintes liées à l’immigration, mais peut-être aussi la Nupes…
L’ancien maire de saint-Etienne a exprimé son désenchantement envers l’évolution du président Français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron. Maurice Vincent s’offusque de « l’incapacité », du Chef de l’Etat et de son gouvernement, « à prendre en considération ce besoin de justice sociale et de justice fiscale dans notre pays, au moment où les écarts de richesse s’accroissent, alors qu’il y a en plus un déficit et une dette importante dans le budget de l’État ». « Il sera nécessaire de trouver des ressources complémentaires qui doivent venir de notre point de vue, à la fois des entreprises et des ménages les plus aisés. »
Vincent reste toutefois très proche d’un autre contributeur de l’agenda 2030 du FEM, en la personne de François Hollande, avec lequel il a déjeuné en marge d’une visite de l’ancien chef de l’Etat, à l’Université Jean Monnet. Durant cette visite, Hollande a échangé avec les étudiants. « Il voit bien la montée des périls en Europe, la montée des dangers, et l’importance cruciale sur laquelle il a insisté de l’élection américaine du mois de novembre », a commenté Vincent, précisant que l’ancien président Français est « venu à plusieurs reprises » à Saint-Etienne, visité la manufacture, la Biennale du design, et l’entreprise HEF, leader ligérien mondial des traitements de surface, qui a développé une innovation, permettant de produire et de roder pour ses autres sites un composant métallique destiné à la technologie « pile à hydrogène ».
Sur le plan local, Vincent critique la gestion actuelle de la Ville et de Saint-Etienne Métropole, marquée par des conflits internes et une paralysie institutionnelle, suite à l’affaire de chantage à la vidéo intime. Il prône un leadership basé sur le consensus parmi les maires de la Métropole pour avancer. Vincent est également revenu sur le projet pharaonique de patinoire olympique voulu par ma municipalité, en témoin avisé, puisqu’il avait étudié un projet de patinoire aux alentours de 2012, mais dont le budget n’excédait pas 10 à 14 millions d’euros, alors que le projet de « méga patinoire », s’élève à 24 millions. Selon l’ancien maire de la Ville, « Saint-Etienne n’a pas l’ambition ni vocation à organiser les Jeux olympiques d’hiver ».
Vincent est également revenu sur les défis économiques locaux et plus particulièrement la situation de Casino, rappelant que les problèmes ont commencé pour le groupe en octobre 2015, quand le fond d’investissement Muddy Waters Research, avait « tiré la sonnette d’alarme sur les marchés financiers, en disant que de son point de vue, la dette de Casino était devenue trop élevée ».
Par Grégory Fiori et Gilles Charles