Ce samedi matin, devant l’Hôtel de Ville de Lyon, des collectifs et associations, tels que « Jamais sans toit » et « Droit au logement 69 – Lyon », se sont mobilisés pour protester contre l’expulsion récente d’environ 170 femmes et enfants du gymnase Marcel Dargent, situé dans le 8e arrondissement de Lyon. Cette expulsion, effectuée peu avant minuit le vendredi, a marqué un tournant poignant dans la crise du sans-abrisme que connaît la ville.
Les femmes et enfants, dont plusieurs étaient enceintes et parmi lesquels figuraient 70 enfants et 7 bébés, avaient été temporairement abrités dans le gymnase par le collectif « Solidarité entre femmes à la rue ». Ce geste avait pour but de souligner le manque criant d’hébergement d’urgence dans la métropole lyonnaise.
Les images et les témoignages diffusés sur les réseaux sociaux montrent la gravité de la situation et l’indignation des citoyens. « La mairie a perdu son âme ? », interroge le collectif « Solidarité entre femmes à la rue » sur son compte X, illustrant le désarroi face à l’action de la municipalité dirigée par le maire écologiste Grégory Doucet. La préfecture du Rhône a confirmé l’intervention conjointe des polices municipale et nationale à la demande de la municipalité.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Juliette Murtin, membre de « Solidarité entre femmes à la rue », exprimait son choc sur France Inter : « Cela va à l’encontre de tous les engagements pris par Grégory Doucet ». Elle rappelle les promesses du maire qui avait notamment signé des chartes avec la Fondation Abbé Pierre et avait adopté un plan ‘zéro enfant à la rue’. « Le maire déclare dans les médias combien il lui est insupportable de savoir qu’il y a des enfants qui dorment dehors dans sa ville, et derrière il expulse comme ça 70 enfants… c’est assez incompréhensible. »
L’association « Droit au logement 69 » a également exprimé son mécontentement, déplorant que ces familles soient de nouveau sans abri, une situation qui dure depuis plusieurs mois pour certaines. « La honte », ont-ils résumé.
Face à la controverse, Sandrine Runel, adjointe aux Solidarités à la mairie de Lyon, défend l’évacuation en déclarant qu’elle avait prévenu les occupants avant de faire appel à la police. Elle justifie cette action rapide par l’indignité de la situation, soulignant que « ce n’était pas une solution digne pour les personnes » et que « les gymnases ne doivent pas se transformer en structures d’hébergement permanentes ». Elle critique aussi l’utilisation récurrente des gymnases comme solution provisoire et appelle les services de l’État à prendre leurs responsabilités, rappelant que la préfète avait annoncé la création de 300 places d’hébergement d’urgence au début de l’année, sans suite visible.
Cet événement met en lumière les défis complexes auxquels Lyon est confrontée en matière de sans-abrisme et les tensions entre les actions municipales et les besoins urgents de la population vulnérable.