Jimmy Chérizier, également connu sous le nom de « Barbecue », est une figure énigmatique en Haïti, dont l’impact sur la société haïtienne est profond et troublant. À 46 ans, il se présente ouvertement comme le chef d’une révolution visant à évincer le Premier ministre du pouvoir, menaçant de plonger le pays qui connait une longue descente aux enfers depuis le séisme de 2010, dans une guerre civile. Mais qui est réellement cet homme, autrefois policier, qui serait par ailleurs Franc-maçons, devenu par la force des choses une figure centrale de la scène politique haïtienne ?
Peu après le séisme de 2010 qui a frappé Haïti, une épidémie de choléra avait été importée sur l’île par des casques bleus népalais alors qu’aucun cas n’y avait été détecté depuis plus d’un siècle. Malgré des preuves évidentes et l’insistance des victimes et de leurs défenseurs, l’ONU n’a commencé à admettre les faits qu’en 2016. À cette époque l’épidémie avait déjà causé plus de 10 000 morts. Elle avait ensuite connu une accalmie, avant de resurgir.
Lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée 5 octobre 2022, le directeur général de l’OMS et contributeur du FEM, le Dr Tedros, annonçait que « deux cas officiellement signalée dans la capitale, Port au Prince » et « 20 cas suspects » faisant l’objet d’analyse « dans d’autres zones ». « Cette épidémie est un revers particulier car Haïti se préparait à être déclaré sans Choléra cette année », déclarait-il. L’épidémie a ensuite flambée et le dr Tédros a indiqué le 11 janvier 2023 que la production de vaccin était à « sa capacité maximale », mais que les stocks ne suffisaient pas. Face à la crise humanitaire et à la violence croissante en Haïti, les Nations Unies ont lancé un appel urgent le 19 mars 2023 pour le déploiement d’une « force d’appui spécialisée ».
La situation en Haïti était en effet extrêmement précaire depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021, deux jours après la nomination du Premier ministre Ariel Henry. Depuis l’assassinat de Moïse, Haïti était plongé dans une crise politique et sécuritaire profonde.
Ariel Henry qui faisait preuve d’une étonnante passivité à l’égard des gangs qui contrôlaient le pays avait été reconnu par plusieurs pays dirigés par des contributeurs de l’agenda du 2030 du Forum économique mondial, dont le Canada de Trudeau, les États-Unis de Biden, la France de Macron et l’Allemagne de Scholz, même s’il n’avait pas été élu.
Les gangs ont gagné en puissance, exacerbant l’insécurité et la violence. L’ONU a rapporté qu’en 2022, 1 448 personnes ont été tuées par des gangs, et plus de 1 000 enlèvements ont été recensés. Ce contexte difficile était exacerbé par l’épidémie de choléra, mettant en lumière le rôle crucial, mais parfois controversé, des Nations Unies et de l’OMS dans la gestion de la crise.
Une délégation de hauts fonctionnaires des Nations Unies et d’ONG internationales a visité Haïti, au mois de mars 2023 rencontrant des personnes nécessitant une aide humanitaire, ainsi que des partenaires locaux et internationaux, y compris le Premier ministre Ariel Henry. SpaceX a annoncé la disponibilité de Starlink en Haïti, quatre jours après l’appel de l’ONU.
L’intervention de l’ONU en Haïti était perçue par beaucoup d’observateurs comme ambivalente, souvent considérée comme alignée sur la politique américaine et critiquée pour son soutien au Premier ministre Henry. Joe Biden s’est d’ailleurs rendu à Ottawa les 23 et 24 mars 2023 pour rencontrer Trudeau. Les deux hommes ont annoncé que les Etats-unis et le Canada allaient unir leurs efforts contre l’immigration illégale et soutenir les forces de sécurité haïtiennes.
Jimmy Chérizier : chef de gang et franc-maçon ?
Dans ce contexte Chérizier, le leader du groupe « G9 et famille », qu’il préfère qualifier de « groupe armé » plutôt que de gang, fait figure d’épouvantail, alors qu’il menace de déclencher une guerre civile qui conduirait à un génocide, si Ariel Henry ne démissionnait pas. Avant de devenir chef de gang, Chérizier était un policier impliqué dans des opérations violentes, notamment le massacre de La Saline en 2018, où plus de 70 personnes ont été tuées.
Les experts onusiens accusent le défunt Moïse et une partie de la police d’avoir donné de l’argent et des armes, à celui qui contrôlait les quartiers pauvres de la capitale, à tendance majoritairement anti-gouvernementale.
L’ONG InSight Crime, sponsorisée par l’université privée américaine, American University par laquelle est passée le contributeur du FEM et ancien Young Leader de la Fondation France-Amérique, Bill Clinton, qui emploie, la contributrice du FEM, Amal Enan, affirme d’ailleurs que la moitié du financement de « G9 et famille » provenait des autorités haïtiennes avant l’assassinat de Moïse. Toujours selon l’ONG, avec l’arrivée au pouvoir d’Ariel, le soutien financier gouvernemental aurait chuté de 30% et « Barbecue » a lancé des opérations de blocage du terminal Varreux, le plus grand terminal pétrolier d’Haïti, provoquant une pénurie d’essence à travers le pays.
Désormais l’influence de « Barbecue » s’étend bien au-delà du simple statut de chef de gang, certains le considérant comme l’homme le plus puissant d’Haïti. Pour sa part, il aime se présenter comme un « robin des bois haïtien », mais la réalité serait tout autre. Il doit en effet son surnom à ses méthodes brutales, y compris le meurtre et l’incendie des maisons de ses victimes.
Selon le compte X Dom Lucre, Barbecue a été pris en photo, avec « son collier préféré », représentant un symbole maçonnique. D’après Dom Lucre, « Il se dit initié, comme la plupart des signataires de l’acte
d’indépendance d’Haïti, en 1804″.