Dans le cadre des élections européennes, les meetings politiques se multiplient. À quelques jours du scrutin, Lutte ouvrière a tenu une réunion publique à Lyon. Le parti politique communiste et internationaliste a pu s’exprimer sur des sujets comme le lobbying, les multinationales et la guerre qu’elle qualifie de capitaliste.
Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier, à la tête de la liste Lutte ouvrière/Le camp des travailleurs, ont animé un meeting à Lyon ce mercredi 5 juin pour promouvoir leur campagne des élections européennes. Plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées mercredi 5 juin à 20 heures au Palais de la Mutualité, situé dans le 3ème arrondissement de Lyon. Un meeting décisif pour la liste d’extrême gauche trotskiste, composée de 81 candidats sous la direction de Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier, avant les élections européennes de ce dimanche. Lors des derniers scrutins de ce type, en 2019, Lutte ouvrière avait obtenu 0,78% des voix, soit près de 180 000 votes. Des élections qui n’ont donc pas une importance aussi primordiale que pour d’autres partis politiques français, qui font la course dans les sondages.
De nombreuses thématiques abordées
Lutte ouvrière est un parti communiste trotskiste. Durant le meeting, la ligne politique a pu être réaffirmée par ses portes paroles. Luttant contre le capitalisme et l’accroissement des inégalités sociales, les grands PDG sont les ennemis idéologiques directs de ces militants. Carlos Tavares, directeur général du groupe Stellantis, figurant dans le CAC 40, touche une rémunération d’environ 100 000 euros par jour. Une honte selon les dires de Nathalie Arthaud, bien qu’il dispose d’un tel salaire, car son activité au sein du groupe génère des millions d’euros. Lutte ouvrière, d’une seule voix après plusieurs prises de paroles, dénonce les guerres actuelles et leurs motivations capitalistes. La Guerre en Ukraine serait un conflit commercial, dont l’endettement des belligérants, et surtout de l’Ukraine du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Volodymyr Zelensky, profiterait aux nations occidentales, alors que la France a récupéré un plan de reconstruction de 10 millions d’euros. Des guerres constamment mises en avant dans les médias, une pratique que Nathalie Arthaud qualifie de “propagande guerrière”.
La perversion des luttes sociales et écologiques par le néo-libéralisme
Après un meeting de près d’une heure où Nathalie Arthaud a pu s’exprimer sur de nombreuses idées, un débat, une séance de question réponse a été animée. Nous avons pu poser notre question à la porte-parole de Lutte ouvrière : “En ce mois des fiertés, vous qui défendez l’inclusivité, et portez une ligne progressiste, comment peut-on lutter contre les grands lobbys et multinationales qui subventionnent les associations porteuses de ces combats ? Est-ce que cela dénature la lutte ?”.
Très précise, notre question a eu le don de perturber la salle, et après une reformulation bien spécifique, les porte-paroles du parti ont compris notre interrogation. Une ultime question qui a semblé avoir fait tiquer Nathalie Arthaud.
Cette dernière a expliqué que son grand ennemi, le capitalisme, utilisait tous les combats possibles pour accéder à toujours plus d’argent en pillant les caisses publiques par leur engagement. Une référence directe au score ESG, (Données Environnementales, sociales et de gouvernance). Créé en 2012, ce crédit social concerne les entreprises, et les pousse à remplir des critères établis par l’agence MSCI (Morgan Stanley Capital International), en étroite collaboration avec le Forum Économique Mondial. Ces objectifs ciblés concernent des quotas inclusifs, touchant au genre, à la couleur de peau par exemple, mais aussi l’écologie et les émissions de CO2, ou encore même le bien-être des employés. Ainsi, le changement de logos pour le Mois des Fiertés des entreprises, ou encore la promotion de celui-ci par des publicités, par des multinationales membres du FEM, comme Airbnb ou Nike, permettent aux entreprises de valider un critère ESG. Au total, ce sont plus 400 mesures à entreprendre pour que ces groupes puissent obtenir un bon score. Plus le résultat est élevé, plus les subventions publiques le sont également. Une entreprise au score ESG élevé aura donc davantage de chances de trouver de nouveaux investisseurs. Par exemple, en 2020, 85% des investisseurs ont pris en compte le score ESG. Il est donc important pour les entreprises d’entretenir un score ESG reluisant. Ainsi, changer son logo pour de vives couleurs multicolores ou encore fêter le Pride Month est bien plus simple que de veiller à la santé mentale et au confort des salariés. Cependant, ce léger coup de communication publique n’est pas réalisable partout dans le monde. En occident, on a pu observer des marques comme BMW ou encore Volkswagen, membres du FEM, revêtir un logo arc-en-ciel sur les réseaux sociaux en ce mois de juin. En revanche, les comptes de ces entreprises de pays du Moyen-Orient, sont restés inertes. En occident, on célèbre la Pride Month, mais dans cette région du monde, l’homosexualité est condamnée. Ainsi, les marques peuvent valider leurs critères ESG inclusifs en Europe et aux États-Unis, mais évitent de le faire en Arabie-Saoudite sous peine de voir sa cote de popularité diminuer.
Pour sortir d’un tel travestissement des luttes pour les minorités sexuelles (sans mauvais de jeu de mots), ou pour une mise en avant des combats écologiques, pratique appelée Greenwashing, Nathalie Arthaud explique qu’en internationalisant et en donnant plus de pouvoir aux prolétaires, qui pourront enfin être des acteurs importants des entreprises, la domination des multinationales tombera. Un discours que les militants de la salle avaient l’air d’apprécier, mais que le Forum Économique Mondial n’est pas près de rajouter à son agenda 2030.