Le Président Emmanuel Macron a pris la parole ce mardi 16 janvier lors d’une conférence où il est resté fidèle à son virage conservateur. Ce qu’il avait présenté comme un « rendez-vous avec les Français » n’était finalement qu’une répétition avant Davos, où le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial devait se rendre le lendemain pour faire la promotion de sa politique.
« Je suis venu vous dire au pays d’où nous venons et où nous allons », a lancé Emmanuel Macron devant les 300 journalistes triés sur le volet qui étaient réunis dans les ors de l’Élysée pour sa première conférence de presse depuis 2019.
Macron a commencé par souligner les défis auxquels la France a dû faire face ces dernières années, la pandémie, « les bouleversements dans l’ordre international », les crises démocratiques, climatiques et technologiques, liées à l’intelligence artificielle. Dans son dernier rapport présenté à Davos, le cabinet de conseil McKinsey, affilié au Forum économique mondial, a réalisé une étude auprès des grands patrons qui disent craindre que l’intelligence artificielle favorise la désinformation tandis que 70 élections sont programmées à travers le monde en 2024.
Mais selon lui, malgré les épreuves qu’elle a dû traverser, la France est « mieux armée » que jamais. Le président a insisté sur les efforts déployés pour libérer les énergies, protéger les citoyens et unir la nation. Il souhaite même « accélérer » ses réformes dans un monde en mouvement, évoquant « le réarmement de la France », citant les dépenses militaires qui ont doublé, mais également les « réarmements » « civique », « économique », « industriel », « agricole », « scientifique », « démographique », mais aussi « administratif » qui nous attendent, même si le président de la République avait prévenu au préalable qu’il ne parlerait pas de réforme des institutions.
Macron est revenu sur le remaniement avec un nouveau gouvernement, qui est « le plus resserré et le plus jeune de l’histoire de la Ve République, axé sur l’audace, l’action et l’efficacité pour répondre aux défis actuels et futurs ».
Le chef de l’État est resté fidèle à son inclinaison conservatrice, se focalisant sur la sécurité, la santé, l’éducation et l’ordre public, déclamant que « l’ordre va avec le progrès, l’autorité va avec l’émancipation » répétant « pour que la France reste la France », tout en se lançant dans une longue diatribe contre le Rassemblement national qu’il appelle encore le Front National, lors des questions des journalistes.
L’accent a été mis sur l’Éducation avec le renforcement de l’instruction civique, la promotion de la culture et du sport dans les écoles, et l’introduction de l’uniforme scolaire « dans une centaine d’établissements, tous volontaires ». « Cette expérimentation sera évaluée méthodiquement et sur la base des résultats, s’ils sont concluants, nous la généraliserons en 2026. »
Le président veut instituer « une cérémonie de remise des diplômes » et souhaite également que le « théâtre devienne un passage obligé au collège dès la rentrée prochaine ». Lors des questions, une journaliste lui a demandé si ses propositions n’étaient pas « un peu vieux jeu », ce à quoi Emmanuel Macron a répondu : « quand la République perd ses rites, d’autres rites sont convoqués ».
Le chef de l’État souhaite aussi déterminer avec une commission d’experts « le bon usage des écrans pour nos enfants, dans les familles, à la maison comme en classe », que ce soit « en matière d’usage ou de contenu ». Le chef de l’État a indiqué qu’« auparavant, il n’y avait pas de régulation ». Il a souligné que « beaucoup de nos jeunes ont accès à l’actualité uniquement par les écrans ». « Passer du temps sur un écran et accéder à l’information très jeune sans avoir de repères, sans savoir comment hiérarchiser l’information, la classifier, avoir des bases, ça donne un rapport à la vérité et à la contre-vérité qui est un vrai sujet pour nos démocraties. Parce que si l’on a de futurs citoyens, dont le rapport à la vérité a été mal bâti, bonjour la génération de complotistes et même pour la génération d’avant, nous n’avons pas réussi à le conjurer ». Emmanuel Macron a souligné que l’Europe était à la pointe en matière de régulation. « Nous avons mis une responsabilité des diffuseurs de contenu, accru la protection de nos enfants, interdit le portable au collège, mis en place un contrôle parental sur les téléphones… »
Emmanuel Macron a également été interrogé sur les émeutes. Selon lui, « les écrans ont eu un rôle très important ». « En quelques minutes, on voyait des centaines d’actions se déployer sur tel ou tel réseau social, par l’écran, et il y a eu une forme de mimétisme qui a conduit à un embrasement totalement déraisonné, des émeutes complètement nouvelles, des jeunes, très jeunes qui n’allaient pas à l’école, cette génération que j’évoquais tout à l’heure, qui utilisaient les réseaux pour se rassembler ».
Le président de la République souhaite « assurer l’ordre » en contrôlant les frontières, les incivilités, la lutte contre la drogue et contre l’islam radical. Il souhaite également généraliser le service national universel en seconde.
Le chef de l’État a souligné la nécessité pour la France de renforcer son indépendance économique et technologique, mentionnant la dépendance vis-à-vis de l’étranger pour certains biens essentiels et l’importance de produire plus en France, notamment dans les domaines de l’énergie, de la technologie et de l’agriculture.
Il a annoncé « l’acte II » d’une grande loi sur la croissance, évoquant des réformes pour le marché du travail, visant à former davantage de travailleurs selon les besoins nationaux et à établir des règles « plus sévères » pour les chômeurs refusant des offres d’emploi. Il souhaite remettre les Français au travail, « car si la France avait le taux d’activité, le taux d’emploi de l’Allemagne, nous n’aurions pas de problème de finance publique ».
Macron a également évoqué la nécessité de réformer et d’améliorer l’efficacité des services publics, « de supprimer les normes, les délais », en particulier dans les domaines de la santé et de l’administration. Il souhaite établir « une feuille de route de Santé dans chaque bassin de vie », Il a évoqué l’ouverture de 200 commissariats, et des 2000 Maisons France Service, soulignant que chaque Français.e.s se trouvaient à moins de vingt minutes d’une d’entre elles.
Le Président a abordé la baisse de la natalité en France, annonçant des mesures pour y faire face, comme un nouveau congé de naissance qui permettrait aux deux parents de rester avec leur enfant pendant six mois, remplaçant le congé parental qui peut s’étendre jusqu’à deux ans. Il a également annoncé un plan « pour lutter contre le fléau de l’infertilité ».
Enfin, sur la scène internationale, Macron a réaffirmé l’importance d’une Europe forte et unie et a évoqué un accord bilatéral avec l’Ukraine comprenant la livraison de quarante missiles Scalp, plusieurs centaines d’autres missiles sans donner plus de précisions, mais également de canons Caesar. Le chef de l’État a indiqué qu’il rendrait hommage le 7 février aux 43 victimes françaises des attaques du 7 octobre en Israël, soulignant que depuis les attentats de Nice, pas un seul attentat n’avait fait autant de victimes.
Sur les présidentielles américaines, selon lui, les États-Unis sont en crise et cela ne doit pas rejaillir sur l’Europe.
Le chef de l’État a également soutenu Amélie Oudéa-Castéra et Rachida Dati. Quand un journaliste lui a demandé si la règle avait changé depuis le retrait de François Bayrou après sa mise en examen, Emmanuel Macron a répondu qu’« il n’y a pas de règles », revenant ainsi sur ses promesses de « République exemplaire », lors de sa première campagne présidentielle. La nouvelle ministre de la Culture est soupçonnée de corruption passive et d’avoir potentiellement reçu 900 000 euros pour des services présumés fictifs, auprès de Carlos Ghosn, ex-PDG de Renault, qui a été membre du Conseil de fondation du Forum économique mondial, la plus haute instance du FEM. Quant à la ministre de l’Éducation, son mari Frédéric Oudéa est directeur de Sanofi et a été Pdg de la Société générale, deux entreprises affiliées au FEM. Il a aussi travaillé au sein du cabinet du contributeur du FEM, Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget et de la Communication. I