Dans le film poignant « Moi, Capitaine », le réalisateur italien, Matteo Garrone illustre à travers, l’histoire de Seydou et Moussa, deux jeunes Sénégalais, les défis auxquels sont confrontés de nombreux migrants. Nous avons rencontré, Mohamadou Sani, un jeune Camerounais ayant contribué au film et qui vit désormais à Lyon. Il nous a raconté, l’influence, qu’il a exercé sur ce film, en tant que conseiller, mais également comment ce film, multiprimé, qui est en lice aux oscars, a changé sa vie.
Le film dépeint le voyage de Seydou et Moussa, deux cousins originaires de Dakar, animés par le rêve de percer dans le monde du rap en Europe. Motivés par leurs ambitions, ils s’engagent dans divers emplois temporaires pour épargner suffisamment d’argent, imaginant déjà leur gloire future. Cependant, un aîné les avertit des risques de leur entreprise. Ils consultent également le marabout local pour s’assurer le soutien de leurs ancêtres avant de partir, sans l’approbation de leurs familles.
Les deux jeunes, pleins d’espoir, sont vite confrontés à la réalité brutale de leur voyage périlleux. Ils doivent faire face à la corruption des gardes-frontières, à la cruauté des trafiquants qui n’hésitent pas à abandonner les migrants dans le désert, qui devient un cimetière à ciel ouvert, avec une scène aussi brutale, qu’onirique, où l’on voit une migrante ayant rendu l’âme, qui flotte aux côtés des survivants. Malgré les obstacles, Seydou et Moussa restent soudés, convaincus que leur paradis les attend de l’autre côté de la Méditerranée. Toutefois, leur destin prend un tournant tragique quand ils sont capturés par la police libyenne près de la frontière. Dès lors ils seront séparés, Seydou est jeté dans une prison libyenne où il est à la merci de la mafia locale, qui use de la torture pour extorquer de l’argent aux migrants et à leurs familles. Les deux cousins finiront par se retrouver. Le jeune Seydou, soucieux de mener à bond port, son cousin blessé accepte alors de conduire une embarcation, jusqu’aux côtes italiennes, malgrés son jeune âge.
À l’issue de la première du film qui a été organisée au mois de décembre, nous avions interviewé, Annette, bénévole à Sos Méditerranée qui avait fait le déplacement.
Mohamadou Sani, un jeune d’origine camerounaise, qui a participé au film et qui est désormais installé à Lyon, était intervenu pour raconter sa fierté d’avoir participé à ce film en tant que conseiller, lui même ayant expérimenté la migration, mais également en tant qu’acteur, interprétant une scène du film.
Nous l’avions interrogé au mois de décembre à l’occasion du
Il nous a expliqué comment Matteo Garonne, comme il l’avait fait pour Gomorra, cherchait des conseillers, pour rendre son récit le plus authentique possible et comment il avait été recruté, pour intégrer l’équipe du film.
Cette collaboration a non seulement permis à Sani de partager son histoire mais a aussi contribué à sensibiliser le public sur les réalités souvent dures de la migration.
Le film a connu un succès international, remportant plusieurs prix. Il a reçu le lion d’argent du meilleur réalisateur et le prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir, pour le jeune acteur Seydou Sarr, à la Mostra de Venise.
Il est même en lice pour les oscars, dans la catégorie « Meilleur film international ».