You are currently viewing Casino : Comment en est-on arrivé là ?
Photo : @Groupe Casino

Casino : Comment en est-on arrivé là ?

La groupe Casino, membre du Forum économique mondial, qui vient d’être racheté par le milliardaire Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, président de Fimalac, ancien ambassadeur à l’ONU et ancien membre du comité de direction du Groupe Bildeberg, vient d’enregistrer une perte de 6 milliards d’euros en 2023. Les ennuis du groupe ont commencé quand après qu’il ait été la cible de Muddy Waters Research, une société d’investissement américaine réputée pour son approche agressive sur le marché, qui cible en particulier des entreprises membres du FEM.

Casino a vu son chiffre d’affaires décliner à moins de 9 milliards d’euros, en baisse de 4,7% par rapport à l’année précédente, dans un contexte économique pourtant favorable à la croissance pour la majorité des enseignes. Le bilan financier révèle une perte nette alarmante de 5,7 milliards d’euros pour l’année 2023, comparée à une perte de 316 millions d’euros en 2022, suite à l’approbation du plan de sauvegarde par les autorités judiciaires.

Le groupe Casino, qui comprend également les chaînes Monoprix et Franprix, essaie de rester optimiste. Les résultats des enseignes de proximité montrent une variation moins extrême, avec Monoprix en recul de 1,3% et Franprix enregistrant une croissance de 3%, bien que ces performances soient modestes dans le secteur de la grande distribution.

En 2023, Casino a procédé à la vente de biens immobiliers à Intermarché, Auchan, et Carrefour, pour un total de 3,1 milliards d’euros, incluant 1,7 milliard d’euros pour 288 magasins. Avec la clôture du bilan 2023, l’entreprise est désormais déterminée à emprunter une nouvelle voie, avec une restructuration prévue le 27 mars, sans pour autant divulguer ses objectifs pour 2024 à ce stade.

Le Directeur Général, Philippe Palazzi, passé par Lacatlis est chargé de l’application du plan de réorganisation, qui concerne 50 000 salariés.

L’offensive de Muddy Watters contre Casino

À la fin de l’année 2015, Les Échos révélaient que Casino avait fait les frais « d’une attaque d’un des analystes les plus influents sur les marchés » : Muddy Waters Research. Cette société d’investissement américaine privée, dont le nom n’est pas une référence au musicien de blues, mais au proverbe chinois, « les eaux boueuses facilitent la capture du poisson », a pour habitude de détecter des sociétés cotées qu’elle juge mal en point ou au coeur de fraudes, prenant ensuite des positions de vente à découvert sur le marché, c’est à dire en misant sur la baisse des actions. Elle révèle ensuite au grand jour les anomalies présumées, ce qui a pour conséquences de faire chuter les cours en bourse et elle peut ainsi de dégager des profits.

Son fondateur Carson Block fait un peu la pluie et le beau temps, dans le monde des affaires. Il apparaît fréquemment en tant que commentateur sur les médias affiliés au Forum économique mondial, comme Bloomberg Television, CNBC et la BBC. Il écrit également des articles d’opinion dans le Financial Times et le New York Times, qui sont aussi membre du FEM, sur des sujets liés à l’amélioration de la gouvernance d’entreprise et de la transparence des marchés.

L’offensive de Carson Block contre Casino

Concernant Casino, il a révélé sur Bloomberg, qu’il pariait à la baisse sur son action, affirmant que l’enseigne utilisait des techniques d’ingénierie financière pour masquer la détérioration de son activité. Juste après cette annonce, le titre de Casino perdait plus de 20 % dans la journée.

Carson Block dénonçait le niveau alarmant de la dette du groupe, soulignant une gestion axée sur une perspective à courtermiste. 

Le cabinet d’analyse a également relevé que les dividendes distribués aux actionnaires, principalement financés par la vente d’actifs, n’étaient pas viables à long terme.

Selon Les Echos, l’attaque était « d’autant plus inattendue que Casino » venait de connaitre « sa plus forte hausse en trois ans », « après avoir annoncé une vente d’actifs permettant de réduire sa dette de plus de 2 milliards d’euros.» Nos confrères soulignaient que l’agence de notation Fitch venait également de confirmer « sa note à ‘stable ‘».

Muddy Waters cible principalement des entreprises affiliées au Forum économique mondial

En 2011, Muddy Waters a gagné en notoriété en alléguant que Sino-Forest Corp, une société chinoise cotée au Canada gonflait frauduleusement ses actifs et des bénéfices, rendant ainsi les actions de la société sans valeur. À la suite de la publication du rapport de Muddy Waters, les actions de Sino-Forest Corp ont chuté de 82%. 

L’investisseur américain, John Paulson, qui est passé par Harvard, l’université affilié au Forum économique mondial et qui a commencé sa carrière au sein du Boston Conulting group, membre du FEM, est devenu milliardaire pendant la crise des subprimes en 2007, en vendant des actions à découvert. En 2011, il a effectué des investissements non lucratifs dans Bank of America et Citigroup, deux entreprises affiliées au Forum économique mondial, mais également dans Sino Forest avant les révélations de Muddy Waters. Il a ensuite été officiellement été contraint à vendre 720 millions de dollars d’actions Sino-Forest.

L’entreprise chinoise a rejeté les allégations de fraude de Muddy Waters et a lancé une enquête indépendante sous la surveillance de PricewaterhouseCoopers (PwC), un réseau britannique d’envergure internationale d’entreprises spécialisées dans les missions d’audit, affilié au Forum économique mondial. Son président est le contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Robert E. Moritz. PwC compte parmi ses rangs d’autres contributeurs du FEM, comme Hazem Galal ou Khaled Bin Braik, qui est passé par les Young Global Leaders du FEM. Le 30 mars 2012, Sino-Forest a finalement déposé une demande de mise en faillite au Canada en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

Le 24 octobre 2013, Muddy Waters a publié un rapport sur NQ Mobile, une société chinoise de cybersécurité et d’applications mobiles affiliée au Forum économique mondial, dont le titre a ensuite chuté de 84%.

Muddy Watters a également publié des rapports sur d’autres sociétés affiliées au Forum économique mondial, comme Olam International, Américan Tower Corp, et Telia Company

Le projet de rapprochement entre Carrefour et Auchan de la Banque Lazard, affilié au FEM

En janvier 2022, le Figaro dévoilait que la Banque Lazard, qui est membre du Forum économique mondial, travaillait sur un projet de rapprochement entre Carrefour et Auchan. Selon Capital, l’objectif était « de convaincre des fonds d’investissement de financer cette OPA, afin de créer une superstructure internationale ». Ce projet, baptisé « Merlot », visait en effet à créer l’un des plus importants distributeurs mondiaux, couvrant 17 pays et détenant une part de marché significative en France, estimée à 29 %. Lazard évaluait le chiffre d’affaire potentiel d’un tel groupe à 108 milliards en 2025, avec des marges en hausse et d’importantes synergies, mais là encore il fallait convaincre les autorités de régulation. 

En octobre 2022, Alexandre Bompard, le P-DG de Carrefour, qui est membre des Young Leader de la Fondation France-Amérique, même si sa fiche vient d’être retirée sur le site de cette fondation, a toutefois mis fin aux négociations avant toute offre réelle. 

Laisser un commentaire