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Zhran Mamdani. Image : Capture d'écran France 24.

Zohran Mamdani : un maire multiculturel pour réinventer New York

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À 34 ans, Zohran Mamdani, élu maire de New York, incarne la renaissance progressiste d’une ville-monde en quête d’équité et de diversité. Né à Kampala, élevé à Manhattan, il devient le premier maire musulman de la métropole américaine, symbole d’une nouvelle génération politique entre militantisme social et ouverture culturelle.

C’est un visage nouveau pour une ville qui n’en manque pas. À 34 ans, Zohran Mamdani, figure montante de la gauche new-yorkaise et membre des Socialistes démocrates d’Amérique (DSA), a été élu maire de New York, mardi 4 novembre 2025, avec près de dix points d’avance sur l’ancien gouverneur Andrew Cuomo. Né à Kampala, en Ouganda, d’un père universitaire et d’une mère cinéaste, le jeune maire incarne un tournant politique et symbolique pour une cité façonnée par les migrations et les luttes sociales.

L’ascension de Zohran Mamdani tient autant à sa trajectoire singulière qu’à sa stratégie de terrain. À la fin de 2024, il arpentait encore les rues du Bronx et du Queens, pancarte à la main, pour discuter du désenchantement post-électoral après la défaite de Kamala Harris face à Donald Trump. Ces rencontres filmées, souvent empreintes d’indifférence ou de colère populaire, allaient pourtant lancer une campagne virale et participative, centrée sur trois promesses fortes : le gel des loyers, la gratuité des transports en commun et un système universel de garde d’enfants, financé par une taxation accrue des plus riches.

Cette approche directe, nourrie par un engagement de terrain, a fait de Mamdani un antidote au désespoir politique. Son message a trouvé un écho particulier chez les jeunes électeurs, séduits par sa critique du statu quo démocrate et son soutien affirmé à la cause palestinienne. Comme le souligne Patrick Gaspard, ancien conseiller de Barack Obama, « sans sa position claire sur Gaza, il n’aurait pas mobilisé une telle énergie militante ».

Son engagement en faveur de la justice sociale ne date pas d’hier. Avant d’atteindre la mairie, Mamdani s’était déjà illustré comme député à l’Assemblée de l’État de New York, notamment en soutenant la grève des taxis jaunes surendettés. En 2021, il observait même une grève de la faim de quinze jours devant l’hôtel de ville aux côtés des chauffeurs, jusqu’à obtenir un allègement historique de leurs dettes. Cet activisme méthodique, alliant empathie et stratégie, forge sa réputation d’organisateur acharné, capable de rallier les indécis comme les désabusés.

Issu d’un milieu intellectuel cosmopolite, Mamdani a grandi entre les ombres tutélaires d’Edward Saïd et les plateaux de cinéma de sa mère Mira Nair. Il a d’abord cru sa voie artistique tracée, signant un album de rap sous le nom de « Young Cardamom » avant de se consacrer pleinement à la politique. « Zohran adorait persuader les gens. Un électeur hostile n’était pour lui qu’une opportunité », se souvient le journaliste Ross Barkan, dont il dirigea la campagne en 2018.

Mais la campagne municipale de 2025 n’a pas été exempte de tensions. Cible d’attaques islamophobes, notamment de la part d’Andrew Cuomo, Mamdani a dû faire face à des propos ouvertement discriminatoires, culminant dans une interview où son rival insinuait un parallèle entre sa religion et les attentats du 11 septembre. L’épisode a provoqué l’indignation, renforçant la solidarité autour du candidat. Devant une mosquée du Bronx, Mamdani a répondu avec émotion, dénonçant « des attaques racistes et sans fondement » qui révèlent, selon lui, « l’islamophobie endémique de la politique américaine ».

Le soir de sa victoire, à Brooklyn, il a promis de gouverner pour toutes et tous. « Beaucoup de ceux qui ont voté pour Trump m’ont parlé de leurs angoisses, pas de haine », a-t-il confié à ses partisans. Une phrase qui résume sa méthode : dialoguer avec la différence plutôt que la fuir, incarner une politique de ponts plutôt que de murs.

En janvier, Zohran Mamdani prêtera serment comme premier maire musulman de New York. Il succède à une longue lignée d’édiles issus de l’establishment, rompant avec la logique des élites financières. Pour cette ville-monde, sa victoire sonne comme un rappel : l’avenir politique américain pourrait bien s’écrire dans la diversité, l’audace et le refus des divisions.

Sources :
Le Monde – François Bougon – 5 novembre 2025 – https://www.lemonde.fr

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