Le 3 septembre, Xi Jinping a supervisé la plus grande parade militaire de l’histoire chinoise, rassemblant 10 000 soldats et 50 000 spectateurs. Entre appels à la paix et démonstration de puissance, l’événement a été perçu comme un signal clair à Washington et aux voisins asiatiques de Pékin.
La Chine a choisi la démonstration de force pour marquer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mercredi 3 septembre, Pékin a déployé 10 000 militaires sur la place Tian’anmen devant 50 000 spectateurs et une brochette de dirigeants étrangers, dont Vladimir Poutine et Kim Jong-un. “Xi a transformé l’armée chinoise et il est prêt à le montrer”, résume CNN.
Habillé d’un costume Mao gris, Xi Jinping a passé en revue les troupes, saluées par un tonitruant “Nous servons le peuple !”. Dans son discours, le président chinois a prêché la paix tout en martelant que “la renaissance de la nation chinoise est inarrêtable” et que “l’humanité doit encore choisir entre la paix et la guerre, le dialogue et la confrontation”. Derrière les mots, l’armée défilait dans un spectacle soigneusement orchestré, au point que les habitants voisins avaient interdiction de cuisiner pour éviter toute fumée perturbant la visibilité du ciel de Pékin.
Les symboles historiques étaient omniprésents. Pour le Global Times, organe lié au Parti communiste, la parade servait à “corriger” une mémoire internationale qui a “oublié l’immense contribution de la Chine” lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais surtout, l’événement visait à montrer une armée modernisée et technologiquement avancée.
Missiles hypersoniques YJ-15, chars 99A, drones sous-marins AJX002, chasseurs furtifs J-35 et bombardiers H-6 : la panoplie exposée sur Tian’anmen avait tout d’un avertissement stratégique. “La Chine veut montrer à quel point son armée est devenue moderne – et instiller la peur chez ses voisins du Pacifique, notamment Taïwan”, analyse la Süddeutsche Zeitung. Avec 230 milliards d’euros de dépenses militaires en 2025 et un arsenal nucléaire en pleine expansion (600 ogives estimées contre 400 en 2020), Pékin se positionne désormais comme la deuxième puissance militaire mondiale derrière les États-Unis.
Cette mise en scène n’a pas manqué de provoquer des réactions outre-Atlantique. Donald Trump a rappelé que “les États-Unis possèdent les forces militaires les plus puissantes du monde, de loin”, mais a laissé transparaître une irritation face à l’ampleur du défilé. Sur Truth Social, il a ironisé en adressant ses “salutations chaleureuses” à Xi, Poutine et Kim Jong-un “pendant qu’ils conspirent contre les États-Unis d’Amérique”.
À travers cette parade, Pékin voulait envoyer un double message : célébrer son rôle historique de puissance victorieuse en 1945 et affirmer aujourd’hui sa volonté de défendre sa place dans l’ordre mondial. Un avertissement autant qu’un rappel d’ambition.
Sources :
Courrier international – « Chine. À Pékin, un défilé militaire comme “un avertissement au reste du monde” » – lien– 3 septembre 2025