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Benjamin Netanyahou.

Washington : Nétanyahou entretient le flou sur une éventuelle trêve à Gaza

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Benyamin Nétanyahou cultive l’incertitude. Pour sa troisième visite à la Maison Blanche en moins de six mois, le premier ministre israélien a offert, lundi 7 juillet, un présent symbolique à Donald Trump : une lettre soutenant sa nomination au prix Nobel de la paix. Un geste habile, alors que le président américain tente de relancer la diplomatie au Moyen-Orient, notamment autour du nucléaire iranien et d’une possible trêve à Gaza.

Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas, reprises à Doha le 6 juillet sous l’égide du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, peinent à aboutir. « Aucun progrès sérieux » n’a été enregistré, note Azmi Keshawi, expert à l’International Crisis Group dans les colonnes du Monde. Pourtant, une proposition de cessez-le-feu a été finalisée par les médiateurs égyptien et qatari avec l’accord de Steve Witkoff, l’envoyé spécial américain.

Une trêve de soixante jours sur la table

Le plan prévoit une trêve de deux mois durant laquelle le Hamas remettrait dix otages israéliens vivants et les corps de dix-huit autres en échange de prisonniers palestiniens et d’une aide humanitaire massive. Israël suspendrait ses activités militaires dix heures par jour, ou douze heures lors des échanges d’otages, tandis que le Hamas s’engagerait à ne pas médiatiser ces restitutions. Le dixième jour, il fournirait la preuve de vie ou de décès des otages restants, contre la communication par Israël de la liste complète des prisonniers palestiniens capturés à Gaza depuis octobre 2023.

La trêve, garantie par Washington, Le Caire et Doha, serait prolongée jusqu’à un accord de cessez-le-feu permanent permettant la libération de tous les otages et prisonniers palestiniens. Mais malgré un accord de principe des deux parties, plusieurs points bloquent.

Retrait israélien et gestion humanitaire au cœur des tensions

Le Hamas exige un retrait complet des forces israéliennes de Gaza. Israël, lui, entend maintenir une « zone de sécurité » englobant Rafah et le corridor de Morag. Autre point de discorde : la gestion de l’aide humanitaire. Le Hamas souhaite la confier de nouveau aux Nations unies, alors qu’elle est aujourd’hui assurée par la Gaza Humanitarian Foundation, créée par les États-Unis et Israël et accusée d’inefficacité dramatique. Cette exigence est jugée inacceptable par Tel-Aviv, qui y voit une perte d’influence sans garanties de sécurité.

Enfin, le Hamas réclame des garanties américaines pour s’assurer qu’Israël ne rompra pas unilatéralement la trêve. Une demande rejetée par Nétanyahou, déterminé à conserver « la liberté d’action militaire » en cas de réarmement du Hamas.

Des signaux contradictoires qui entretiennent la confusion

Le 5 juillet, Benyamin Nétanyahou oscillait entre détermination à libérer les otages et volonté d’éradiquer le Hamas. Il se réjouissait davantage des « victoires » contre l’Iran et de l’espoir d’« élargir le cercle de la paix » dans la région.

Lundi, son ministre de la défense Israel Katz annonçait un projet de « ville humanitaire » sur les ruines de Rafah, visant à y transférer 600 000 Palestiniens, qui ne pourraient plus en sortir. Un projet immédiatement contredit par le chef d’état-major Eyal Zamir, assurant devant la Haute Cour que la concentration de la population n’était pas un objectif militaire.

L’exil, une « liberté de choix » selon Nétanyahou

À Washington, Nétanyahou a défendu le droit pour les Palestiniens de quitter Gaza, écartant toute idée d’État palestinien souverain. « Si les gens veulent partir, ils doivent pouvoir le faire », a-t-il affirmé, évoquant la recherche de pays tiers « offrant un avenir meilleur ».

Cette ambiguïté nourrit la colère des familles d’otages. Depuis sa visite au kibboutz de Nir Oz, ravagé le 7 octobre 2023, leurs espoirs d’accord rapide alternent avec la peur d’une attente interminable. À Tel-Aviv, elles ont réclamé samedi un « accord global » libérant tous les otages en même temps. « Pas de sélection, pas de cessez-le-feu partiel », a supplié Michel Ilouz, père d’un otage présumé mort. « Arrête cette roulette russe ! »

Pour l’opposition israélienne, Benyamin Nétanyahou sacrifie la libération des otages aux exigences de ses alliés d’extrême droite, favorables à l’occupation complète de Gaza et à l’expulsion de ses habitants. En entretenant le flou à Washington, le premier ministre israélien semble vouloir maintenir l’équilibre précaire de sa coalition, quitte à prolonger l’incertitude sur une issue à la guerre.

Source : Le Monde.

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