L’affaire fait grand bruit : Philippe Miller, journaliste d’investigation, et une ancienne stagiaire du cabinet d’avocats Ziegler et Associés, ont été placés en garde à vue à Paris. En cause, une plainte du cabinet pour vol de données confidentielles. Cette affaire soulève des questions sur la protection des sources journalistiques et met en lumière les méthodes controversées du cabinet.
Un journaliste sous surveillance policière
Le 4 décembre dernier, Philippe Miller, journaliste indépendant, a été interpellé en plein rendez-vous avec une source dans un café parisien. Sous la surveillance de 10 policiers, il a vu ses effets personnels saisis, dont son ordinateur, son téléphone et ses carnets de notes. Placé en garde à vue pendant 48 heures, il a été accusé de recel de violation du secret professionnel et de complicité de vol.
Sa source, une ancienne stagiaire de Ziegler et Associés, est accusée d’avoir volé des fichiers contenant des échanges confidentiels entre le cabinet et ses clients. La stagiaire a été mise en examen pour vol.
Les accusations contre Ziegler et Associés
Selon les documents récupérés, les données volées mettraient en lumière des pratiques douteuses du cabinet, telles que des honoraires exorbitants et des appels malveillants. Ces révélations viennent s’ajouter à des accusations antérieures visant Jocelyn Ziegler, fondateur du cabinet, déjà sanctionné pour usurpation d’identité en novembre 2024.
Dans une affaire précédente, Ziegler avait utilisé une fausse identité pour intimider une avocate et un concurrent. Cette usurpation d’identité lui a valu une sanction disciplinaire de deux mois d’interdiction d’exercer avec sursis, prononcée par l’Ordre des avocats de Paris.
Une atteinte à la liberté de la presse ?
L’arrestation de Philippe Miller a suscité une vive indignation parmi les défenseurs de la liberté de la presse. Reporter sans frontières (RSF) a dénoncé une « grave atteinte au secret des sources », tandis que l’association des avocats praticiens du droit de la presse a pointé des « pressions disproportionnées ».
« Cette affaire crée un précédent inquiétant pour toute la profession journalistique », a déclaré Me Octave Nitkowski, avocat de Miller. Selon lui, ces événements témoignent d’une volonté d’intimidation et d’entrave à la liberté d’informer.
Un cabinet aux pratiques contestées
Fondé en 2020, le cabinet Ziegler et Associés est spécialisé dans les contentieux liés aux arnaques financières. Cependant, plusieurs anciens collaborateurs et clients ont dénoncé les méthodes agressives de Jocelyn Ziegler, notamment des honoraires quatre fois plus élevés que la moyenne du secteur et des comportements abusifs envers les stagiaires.
Des témoignages rapportent des séances d’humiliation publiques et des pressions exercées sur des collaborateurs. « Il aime s’en prendre aux stagiaires et n’est pas calé juridiquement », a confié un ancien collègue.
Un scandale aux multiples ramifications
L’affaire soulève des interrogations sur l’ampleur des moyens policiers mobilisés pour une plainte de vol de données dans un cabinet modeste. « Ce n’est pas un gros cabinet, et les moyens déployés semblent totalement disproportionnés », a déclaré une source proche du dossier.
Alors que l’enquête se poursuit, un juge des libertés doit décider si les fichiers saisis chez Philippe Miller peuvent être exploités, une décision qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur la protection des sources journalistiques.
Un appel à la transparence
L’affaire Ziegler et Associés est un cas emblématique des tensions entre la protection des données, le secret professionnel et la liberté de la presse. Si elle met en lumière les dérives potentielles de certains cabinets, elle soulève également la question de l’équilibre entre la sécurité juridique et les droits des journalistes.
Source : Marianne