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Image : Capture d'écran.

Une IA recrée le témoignage d’une victime de meurtre lors du procès de son tueur en Arizona

Aux États-Unis, la technologie a franchi une nouvelle frontière dans le système judiciaire. Le 1er mai 2025, lors d’un procès à Maricopa, en Arizona, une intelligence artificielle a été utilisée pour permettre à une victime décédée de livrer son témoignage posthume. Ce témoignage inédit a été celui de Christopher Pelkey, un homme tué trois ans plus tôt lors d’une altercation routière. À travers une vidéo générée par IA, Christopher Pelkey a pris la parole devant le tribunal, marquant ainsi une première historique dans le domaine judiciaire.

L’intelligence artificielle a permis de recréer la voix et l’image de Christopher Pelkey, ancien combattant américain, tué lors d’un affrontement à Chandler, en Arizona, en 2022. La vidéo, créée par sa sœur Stacey Wales, a été diffusée durant le procès de Gabriel Horcasitas, le tueur présumé, condamné à dix ans et demi de prison pour le meurtre. C’est la première fois qu’une IA a été utilisée dans un tribunal pour livrer un témoignage au nom d’une personne décédée.

Dans cette vidéo de quelques minutes, l’IA recrée le visage de Pelkey à partir de photos prises lors de ses funérailles, et sa voix à partir d’une vidéo où il parle peu avant sa mort, après avoir quitté un centre de soins pour vétérans. La vidéo a permis à Pelkey de s’exprimer sur son expérience, ses relations, et d’adresser un message à son tueur.

Le témoignage d’un homme au-delà de la mort

Dans la vidéo, Pelkey, bien que décédé, s’adresse directement au tribunal et à ses proches : « Je ne peux pas vous dire à quel point je suis honoré par tous ceux qui ont pris ma défense. » Il poursuit en exprimant un message de pardon à Gabriel Horcasitas, son meurtrier : « Il est regrettable que nous nous soyons rencontrés ce jour-là dans ces circonstances. Dans une autre vie, nous aurions probablement pu être amis. » Il conclut son message en affirmant sa croyance dans le pardon, malgré les circonstances tragiques : « Je crois au pardon et à un Dieu qui pardonne. »

L’IA comme outil de réconciliation

L’idée d’utiliser l’IA pour créer ce témoignage est venue après un long processus de deuil de la part de Stacey Wales, la sœur de la victime. Après avoir échoué à trouver les mots pour rédiger une déclaration de victime, elle a eu l’idée de faire appel à l’intelligence artificielle pour ressusciter la voix de son frère. Elle explique : « Je ne me sentais pas prête à dire ’je te pardonne’ au tueur de mon frère. Mais paradoxalement, j’entendais la voix de Chris dans ma tête et il disait : ’Je lui pardonne’ ».

Ainsi, l’IA a été perçue par Stacey Wales non seulement comme un moyen d’honorer la mémoire de son frère, mais aussi comme une voie pour exprimer des sentiments qu’elle n’arrivait pas à partager autrement.

L’IA dans le système judiciaire : questions éthiques et juridiques

Si cette utilisation de l’IA pour restituer un témoignage de victime soulève des questions, notamment sur la fidélité des propos attribués aux défunts, certains experts considèrent que cela ne pose pas de problème éthique majeur. Maura Grossman, professeure à l’Université de Waterloo (Canada), spécialisée dans les applications de l’IA dans le droit, affirme que, dans ce contexte, l’utilisation de la vidéo « ne pose pas de problème juridique majeur », en raison de la nature de son utilisation dans le tribunal. En effet, la vidéo n’a pas été soumise comme preuve légale, mais uniquement comme témoignage moral devant le juge, ce qui limite son impact.

Un précédent juridique qui pourrait influencer le futur des procès

Cet événement pourrait marquer un tournant dans l’utilisation de l’IA dans le système judiciaire. Bien que ce précédent n’implique pas l’usage de l’IA comme preuve légale, il pourrait mener à une discussion plus large sur son rôle dans les procès criminels à venir, même si l’utilisation de cette technologie dans un domaine aussi important que la justice n’est pas sans poser de questions.

Source : Le Figaro.

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