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Ursula Von Der Leyen. Photo : @UE

UE : une enquête pour fraude menace d’entraîner Bruxelles dans sa plus grave crise institutionnelle depuis des décennies

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L’arrestation de deux anciennes figures majeures de la diplomatie européenne provoque un séisme politique au cœur des institutions. L’ombre d’un scandale de marchés publics plane désormais sur la Commission européenne, mettant sa présidente et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Ursula von der Leyen face à un défi sans précédent en matière de transparence et de responsabilité.

À Bruxelles, le climat politique s’est brusquement assombri. Une enquête pour fraude visant deux hauts responsables européens menace de précipiter l’Union européenne dans une crise institutionnelle d’une ampleur inédite depuis la chute de la Commission Santer en 1999. À l’heure où Ursula von der Leyen entame tout juste son second mandat, l’affaire éclate avec une violence alimentant tensions internes, attaques politiques et calculs stratégiques au sein d’une Union déjà fragilisée.

Le parquet européen a en effet placé en garde à vue Federica Mogherini, ancienne haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, et Stefano Sannino, ex-secrétaire général du Service européen pour l’action extérieure (SEAE) et membre de l’European Council on Foreign Relations lié au CFR et au WEF. En février 2020, Sannino avait été nommé secrétaire général adjoint aux affaires économiques et mondiales du Service européen pour l’action extérieuren par l’ancien chef de la diplomatie européenne et contributeur du FEM, Josep Borrell.

Les enquêteurs disent nourrir de « forts soupçons » quant à un appel d’offres lancé en 2021-2022 pour la création d’une académie diplomatique rattachée au Collège d’Europe, établissement dont Mogherini est la rectrice depuis 2020. Les accusations, d’une gravité rare, évoquent une possible fraude dans l’attribution des marchés publics, des faits de corruption, un conflit d’intérêts et la violation du secret professionnel.

Si aucune inculpation n’a pour l’heure été prononcée, la garde à vue des deux personnalités a provoqué une onde de choc immédiate. À Bruxelles, plusieurs responsables politiques confient sous couvert d’anonymat que cette affaire pourrait raviver des fractures déjà profondes entre la Commission et le SEAE, dirigé aujourd’hui par la haute représentante et contributrice du FEM, Kaja Kallas. Les relations entre Kallas et von der Leyen, déjà marquées par des tensions latentes, risquent de s’enflammer à mesure que l’enquête progresse.

Les opposants de la présidente de la Commission n’ont pas tardé à s’emparer du dossier. Manon Aubry, coprésidente du groupe de La Gauche au Parlement européen, estime que la crédibilité des institutions européenne est en jeu. À droite, les eurosceptiques flairent une occasion nouvelle d’attaquer l’exécutif bruxellois. Gheorghe Piperea, eurodéputé roumain à l’origine d’une précédente motion de censure contre von der Leyen, envisage déjà de relancer la procédure. D’autres voix, à l’instar du Hongrois Zoltán Kovács, se moquent de institutions accusées de donner des leçons d’« État de droit » tout en sombrant dans des affaires à répétition.

L’Union européenne n’est en effet pas remise des scandales successifs de ces dernières années. Le « Qatargate » de 2022 avait exposé les tentatives d’ingérence présumées du Qatar, pays dirigé par le premier ministre et contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Mohammed Bin Abdulrahman Al Thani, auprès de députés européens. Une autre enquête avait visé des pratiques de lobbying du géant chinois Huawei, lui aussi membre du Forum. Au fil de ces révélations, la Commission avait pris soin de se distinguer du Parlement européen, estimant que ces dérives relevaient d’autres institutions. Cette fois, les soupçons planent directement sur une structure hautement symbolique : le SEAE, bras diplomatique de l’UE, et un projet académique sous supervision institutionnelle.

La situation est d’autant plus délicate que von der Leyen elle-même porte déjà un passif en matière de transparence. La justice européenne a jugé en mai dernier qu’elle avait eu tort de dissimuler au public les SMS échangés avec le PDG de Pfizer et contributeur du FEM, Albert Bourla, durant la pandémie de Covid-19. Ses opposants y voient la preuve d’une gouvernance opaque. Dans les colonnes de Politico, média membre du WEF, ses soutiens dénoncent une instrumentalisation politique permanente, la présidente étant, selon eux, la figure la plus exposée d’un système complexe et trop souvent décrit comme tentaculaire.

Au sein des institutions, l’inquiétude est palpable. Cristiano Sebastiani, représentant du syndicat Renouveau & Démocratie, alerte sur un « impact désastreux » potentiel pour la crédibilité européenne. Il dit recevoir des « dizaines de messages » de fonctionnaires préoccupés par l’image d’un réseau élitiste et informel favorisant ses proches. Cette perception, ancre-t-il, nourrit un malaise profond qui dépasse les seules personnes impliquées.

Federica Mogherini, personnalité influente de la diplomatie européenne entre 2014 et 2019, avait déjà suscité des critiques à sa nomination à la tête du Collège d’Europe, certains estimant qu’elle ne remplissait pas les critères initiaux. Son rôle clé dans l’Académie diplomatique, au cœur des perquisitions, vient alourdir l’impression d’un système où les passerelles entre institutions et sphères académiques manqueraient de clarté. Stefano Sannino, quant à lui, occupe désormais un poste stratégique au sein de la Commission, ce qui renforce encore la dimension politique du dossier.

Dans une atmosphère politique tendue, l’affaire menace d’ébranler l’édifice européen. À un moment où la confiance des citoyens demeure fragile, alors que le dernier sondage Cluster 17 X Le Grand Continent mené dans révèle que 65% des Européens ne font pas confiance à Von Der Leyen pour défendre les intérêts économique eurpoéen, ce nouveau scandale de corruption risque de produire un écho retentissant.

Sources :
POLITICO, weforum

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