Une enquête diffusée jeudi 5 juin sur France 2 s’interroge sur de possibles versements de GDF Suez à Rachida Dati alors qu’elle siégeait au Parlement européen. La ministre de la Culture est également ciblée pour son comportement jugé menaçant dans sa course à la mairie de Paris.
Rachida Dati est de nouveau sous les projecteurs. Le magazine Complément d’enquête, diffusé jeudi 5 juin sur France 2, en collaboration avec Le Nouvel Observateur, explore les coulisses politiques et financières de l’ancienne garde des Sceaux. Intitulée « Rachida Dati, la conquête à tout prix », l’enquête soulève des interrogations sur de possibles versements secrets de GDF Suez, aujourd’hui Engie, à Mme Dati, à l’époque où elle siégeait au Parlement européen.
Un lien financier avec GDF Suez via un cabinet d’avocats ?
L’émission révèle des documents comptables issus du cabinet STC Partners, aujourd’hui liquidé, qui montrent deux virements identiques émis par GDF Suez en 2010 et 2011, suivis de deux versements du même montant à Mme Dati. Une coïncidence qui laisse supposer, selon les journalistes, l’existence d’un canal financier indirect entre l’entreprise énergétique et l’eurodéputée, potentiellement pour influencer ses prises de position.
Or, durant cette même période, Rachida Dati défendait à Strasbourg des amendements favorables à l’industrie gazière et interpellait la Commission européenne sur ces questions. Si cette affaire n’a pas été judiciarisée, elle vient s’ajouter à un dossier déjà lourd : Mme Dati est mise en examen dans l’affaire Carlos Ghosn pour corruption passive et recel d’abus de pouvoir.
Menaces et pression politique dans la conquête de Paris
Au-delà du volet financier, Complément d’enquête brosse le portrait d’une femme de réseau, jugée redoutable par ses pairs. Plusieurs témoins, dont l’ancienne ministre Agnès Buzyn, affirment avoir subi des pressions. En 2020, alors que Mme Buzyn remplaçait Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de Paris, elle aurait reçu des SMS au ton violentde Rachida Dati, lui promettant de « lâcher les chiens » pour saboter sa campagne.
Cette soif de conquête culmine avec la révélation d’un enregistrement interne à son groupe politique, dans lequel Rachida Dati affirme avoir reçu l’assurance d’un soutien d’Emmanuel Macron, en échange de sa nomination au ministère de la Culture en janvier 2024, afin d’unifier la droite parisienne pour 2026.
Silence de l’intéressée
Contactée par les journalistes, Rachida Dati a refusé de répondre aux questions de Complément d’enquête. De son côté, ni GDF Suez ni les anciens responsables du cabinet STC n’ont souhaité commenter les révélations.
Alors que la ministre tente de construire son avenir politique sur les cendres de ses anciennes campagnes, ce reportage ravive les critiques sur ses méthodes et ses alliances, dans un moment stratégique pour la droite parisienne et l’Élysée.
Source : Le Monde.