Après les déclarations du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald Trump sur Fox News le 10 février, estimant que l’Ukraine pourrait devenir « russe un jour », Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a réagi en affirmant que « qu’une partie significative de l’Ukraine veuille devenir la Russie et soit déjà devenue la Russie, c’est une réalité ».
En mentionnant les régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson comme « nouvelles régions russes », le Kremlin voit dans les propos de Trump une validation indirecte des référendums d’annexion organisés en 2022. Pour les médias russes, ces déclarations indiqueraient que l’ancien président américain reconnaît la possibilité d’une intégration progressive de territoires ukrainiens à la Russie.
Trump, un interlocuteur potentiel pour le Kremlin ?
En Russie, la presse n’a pas tardé à analyser les implications d’une éventuelle négociation entre Washington et Moscou. Le terme « sdelka » (deal) est abondamment repris dans les médias, suggérant que Trump pourrait chercher un accord avec la Russie pour mettre fin au conflit. Certains commentateurs estiment que cette approche diffère radicalement de celle de l’administration Biden, qui a toujours soutenu Kiev sans condition.
Le politologue Dmitri Orechkine, intervenant dans l’émission Breakfast Show sur YouTube, estime que Trump « envoie un signal éhonté » en remettant en question l’idée que l’Ukraine puisse décider seule de son avenir. Pour lui, ces déclarations suggèrent que toute issue à la guerre devra nécessairement passer par une entente entre Washington et Moscou, une perspective que les médias russes jugent favorable au Kremlin.
Un intérêt stratégique pour les ressources ukrainiennes
Un autre élément clé qui retient l’attention en Russie est l’intérêt affiché de Trump pour les terres rares ukrainiennes. Le tabloïd Komsomolskaïa Pravda s’en amuse en titrant : « Trump se moque de l’avenir de l’Ukraine ! », mettant en avant l’approche « entrepreneuriale » du président américain.
Le journal Vzgliad, proche du Kremlin, s’en prend directement au président ukrainien Volodymyr Zelensky, affirmant qu’il cherche à monnayer les ressources naturelles de son pays pour maintenir le soutien américain.
« Quand Trump a manifesté de l’intérêt pour les minéraux, Zelensky a déployé une carte devant les Américains : ici, il y a du titane, ici, il y a du lithium, servez-vous. Il avait l’air du petit-fils toxicomane apportant l’argenterie de sa grand-mère à un prêteur sur gage », écrit Vzgliad.
Munich, un test diplomatique pour Trump ?
Alors que la Conférence de Munich sur la sécurité se tiendra du 14 au 16 février, les médias russes surveillent attentivement les discussions à venir. Le quotidien Moskovski Komsomolets estime que ce sommet sera un « examen politique » pour l’administration Trump.
Selon le journal, les émissaires américains devront clarifier leur position sur l’Ukraine devant les Européens et les représentants de Kiev. Cependant, Moscou reste confiant : si Trump parvient à imposer un dialogue direct entre Washington et le Kremlin, cela marquera un tournant dans la politique américaine vis-à-vis du conflit.
En Russie, les déclarations de Donald Trump sont perçues comme une opportunité de remodeler les rapports de force internationaux. Son ton plus pragmatique sur l’Ukraine, ainsi que son intérêt pour les ressources naturelles, alimentent l’idée qu’un éventuel retour de Trump à la Maison-Blanche pourrait conduire à un règlement diplomatique plus favorable aux intérêts du Kremlin.
En attendant, le sommet de Munich servira de baromètre pour évaluer si cette vision peut devenir une réalité politique dans les mois à venir.
Sources : Fox News, Vzgliad, Breakfast Show, Komsomolskaïa Pravda, Courrier International.