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Suisse : le groupe ultranationaliste Ticino Vivo veut assurer la sécurité des Tessinois à la place de l’État

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À la suite d’une agression à Lugano, le mouvement ultranationaliste Ticino Vivo annonce des rondes nocturnes dans le Tessin. Une initiative qui inquiète les autorités suisses et rappelle les dérives de l’extrême droite.

Dans le canton italophone du Tessin, la sécurité est devenue un sujet brûlant après l’agression violente d’un jeune homme de 19 ans par plusieurs adolescents. En réaction, le mouvement citoyen Ticino Vivo, qui revendique une identité ultraconservatrice, a annoncé la création de “patrouilles volontaires nocturnes”. Officiellement, il s’agit de protéger les citoyens là où les autorités helvétiques peineraient à s’imposer. Mais pour de nombreux observateurs, cette initiative cache une tentative de l’extrême droite de s’ériger en alternative à l’État en exploitant la peur et l’insécurité.

Ticino Vivo, une mouvance marquée à l’extrême droite

Derrière son discours de protection des habitants, Ticino Vivo entretient des liens idéologiques avec le mouvement néonazi suisse Junge Tat. Ce dernier est classé comme extrémiste par les autorités et surveillé de près par la justice suisse. Le Corriere del Ticino rappelle que Ticino Vivo a participé à un sommet sur la “remigration”, un concept qui renvoie à des politiques de contrôle ethnique et d’expulsion. Si l’organisation prône la limitation de l’immigration, le rejet de la “culture woke” et s’oppose à l’enseignement des questions LGBTQI à l’école, ses membres réfutent toute appartenance à l’extrême droite.

Des rondes citoyennes vues comme une dérive dangereuse

Si Ticino Vivo affirme rejeter la haine et la violence, l’idée de patrouilles nocturnes inquiète la presse et les autorités helvétiques. Comme le souligne le Corriere del Ticino, lorsque des groupes non élus, non formés et porteurs de valeurs radicales décident de s’approprier l’espace public, ils se substituent symboliquement à l’État. Le risque est alors de voir émerger une justice arbitraire, dictée par l’idéologie plutôt que par la loi.

La justice suisse face à l’extrême droite

Le cas de Ticino Vivo s’inscrit dans une dynamique plus large de montée de groupuscules ultranationalistes en Suisse. Fin 2024, le ministère public zurichois a déjà engagé des procédures contre six membres de Junge Tat, accusés de discriminations raciales et d’atteintes à la liberté de culte. Les figures de ce mouvement, Tobias Lingg et Manuel Corchia, sont dans le viseur des autorités pour leurs activités extrémistes. Cette tendance inquiète les chercheurs, comme le sociologue Dirk Baier qui rappelle que Junge Tat, tout comme Ticino Vivo, ne cherche pas à convaincre par les urnes mais à imposer un changement de société incompatible avec la démocratie.

Le cas de Ticino Vivo illustre les tensions croissantes qui traversent la Suisse, et en particulier le Tessin. Derrière le discours sécuritaire et patriotique se cache une volonté de l’extrême droite de s’approprier des fonctions régaliennes et de s’implanter dans l’espace public. Pour les autorités helvétiques comme pour les analystes, ces initiatives représentent moins une réponse aux problèmes d’insécurité qu’une stratégie politique de radicalisation, même si comme en France la responsabilité des « élites » dans les problèmes de la population est engagée.

Source : Courrier international.

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