You are currently viewing Syrie : L’évolution des groupes djihadistes et d’Abou Mohammed al-Joulani, entre pragmatisme et opportunisme
Abou Mohammed al-Joulani. Photo : @U.S State Department

Syrie : L’évolution des groupes djihadistes et d’Abou Mohammed al-Joulani, entre pragmatisme et opportunisme

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:MONDE
  • Commentaires de la publication :0 commentaire

La guerre en Syrie, débutée en 2011, a vu l’émergence de groupes djihadistes comme Jabhat al-Nusra et Hayat Tahrir al-Sham (HTS), marquant un tournant dans le paysage des forces rebelles. Ces groupes, souvent issus d’Al-Qaeda, ont non seulement dominé la rébellion mais ont également évolué sous la pression des défaites militaires et des réalités locales.

Les rebelles ont été présentés par certains responsables occidentaux comme modérés. Toutefois, parmi les opposants au régime de Bachar El-Assad, on retrouve des groupes plus ou moins laïques, comme l’Armée syrienne libre, sous la coupe du régime turque du contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Erdogan et d’autres groupes islamistes plus ou moins radicaux, comme Hayat Tahrir al-Sham, l’ancien nom du Front al-Nosra, Al-Qaïda en Syrie. Retour sur l’évolution des groupes djihadistes en Syrie et particulièrement sur HTS.

2013 : La montée en puissance des djihadistes

En 2013, Jabhat al-Nusra comptait environ 4 000 combattants, dont plus de la moitié étaient des vétérans étrangers ayant combattu en Irak ou en Afghanistan. Leur expertise en tactiques militaires et en explosifs leur a permis de devenir des acteurs clés de la rébellion, éclipsant rapidement les groupes moins expérimentés. Ces combattants, motivés et bien financés grâce à des circuits internationaux, ont dominé la scène militaire, plaçant la rébellion sous leur influence.

Les cadres d’autres factions islamistes, comme Ahrar al-Sham, provenaient également de réseaux djihadistes, renforçant l’idée que dès le milieu de l’année 2013, la rébellion était largement sous la coupe d’organisations radicales.

Une « syrianisation » progressive des groupes armés

Au fil des années, les nombreuses défaites et les pertes importantes parmi les combattants étrangers ont poussé des groupes comme HTS à adopter une stratégie plus pragmatique. Cette transformation, souvent décrite comme une « syrianisation », visait à s’adapter au contexte local et à gagner en légitimité auprès des populations civiles.

Le leader de HTS, incarne cette évolution. En 2012, il prononçait des discours enflammés sur le djihad mondial et la libération de Jérusalem. Passé par la plupart des groupes djihadistes de la région, d’Al-Qaïda en Irak à l’Etat Islamique, en passant par le front Al-Nosra.

Celui qui se serait radicalisé après les attentats du 11 septembre et la deuxième intifada au début du 21e siècle, est parti combattre en Irak en 2003 après l’invasion américaine de l’Irak en 2003. Il rejoint alorsle groupe al-Qaïda en Irak d’Abou Moussab al-Zarqawi avant d’être emprisonné durant cinq ans. Après le début de la révolte contre Bachar el-Assad en 2011, il rejoint son pays natal, la Syrie, pour y fonder le Front al-Nosra, qui deviendra donc HTS. 

S’il a frayé avec Al-Quaïda, aujourd’hui, il se présente comme un défenseur des aspirations révolutionnaires syriennes, en adoptant des symboles de la rébellion modérée, tels que les drapeaux vert-blanc-noir, et en se posant comme continuateur de la révolution de 2011.

Interrogé récemment par CNN, alors que sa tête avait été mise à prix par les Etats-unis, il fait désormais l’éloge de ce pays à la télévision.

Abu Mohammad al-Joulani demande également à ce qu’on l’appelle, Ahmed Hussein al-Charaa, et non plus par son nom de guerre. 

Lors de la prise d’Alep le 27 novembre, il a aussi tenu à rassurer en affirmant que les différentes confessions et toutes les minorités seraient respectées. 

Il a aussi demandé à ses hommes de ne pas pratiquer de décapitations, même si des images circulant sur les réseaux sociaux témoignent de graves exactions.

Une stratégie opportuniste mais non dénuée de contradictions

Al-Joulani a su s’éloigner des figures les plus radicales de son organisation pour redorer l’image de HTS. Ce repositionnement stratégique n’est cependant pas purement cosmétique. Il reflète un pragmatisme qui répond à des nécessités locales, notamment le besoin d’assurer la survie politique et militaire du groupe.

Cependant, de nombreuses questions subsistent sur la sincérité de cette transformation. Un ancien cadre d’Al-Qaeda et de l’État islamique peut-il réellement se détacher de ses origines idéologiques ? Malgré ses efforts pour apparaître modéré, les critiques soulignent que les ambitions de Joulani pourraient rester profondément enracinées dans une vision extrémiste du pouvoir.

L’évolution de groupes comme HTS montre comment les dynamiques locales et les réalités militaires peuvent forcer les organisations djihadistes à évoluer. Cependant, le cas d’al-Joulani illustre également les limites de ces transformations. Opportuniste et adaptable, il reste une figure controversée, tiraillée entre ses origines radicales et ses ambitions de respectabilité sur la scène syrienne.

Alors que la Syrie continue de naviguer dans un contexte de guerre et de reconstruction, la question demeure : ces transformations sont-elles durables ou simplement des ajustements temporaires en réponse à la pression internationale?

Laisser un commentaire