Le contre-sommet de l’IA qui s’est déroulé aujourd’hui à Paris en marge du Sommet de l’IA au Grand Palais, se veut un espace de débat et de critique face à l’omniprésence de l’intelligence artificielle dans nos vies. Initié par le philosophe Eric Sadin, cet événement a rassemblé des professionnels et des corporations confrontés aux impacts de l’IA dans leurs secteurs respectifs. Parmi eux, des traducteurs, scénaristes, doubleurs, et journalistes se sont réunis pour échanger sur les conséquences sociales, environnementales et éducatives de cette technologie.
Dans son discours d’ouverture, Eric Sadin, auteur de « Surveillance globale : enquête sur les nouvelles formes de contrôle » publié en 2009 et qui avait déjà présenté l’IA comme anti-humaniste, lors d’une conférence organisée le 30 novembre 2019, par l’Institut toulousain d’Études Maçonniques ( ITEM ) durant la 6e édition du salon maçonnique de Toulouse, a dénoncé ce qu’il appelle le « fondamentalisme de l’IA », une idéologie qui présente l’intelligence artificielle comme la seule voie possible et inévitable pour l’avenir.
Selon Sadin, cette vision porteuse de progrès technologique, soutenue par de nombreux responsables politiques et entreprises du secteur numérique, génère des conséquences sociales majeures, avec un risque réel de voir une humanité déconnectée de ses propres valeurs et préoccupations.
Ce Contre Sommet a pour ambition d’évoquer la question des droits d’auteurs, considérée comme éludée par le Sommet de l’IA, mais aussi
les « conséquences sociales, culturelles et civilisationnelles entraînées par les développements exponentiels de l’intelligence artificielle ».
Le rôle des professionnels dans la transition technologique
L’après-midi a été marqué par des témoignages de divers professionnels déjà affectés par l’implantation de l’IA dans leurs métiers. Les participants ont exprimé leurs préoccupations sur l’impact de l’IA sur le travail, l’environnement, et l’éducation, soulevant des inquiétudes sur la perte de diversité professionnelle et la standardisation des pratiques face à des systèmes automatisés.
Des débats avec des journalistes, traducteurs et scénaristes métiers qui seraient particulièrement touchés par l’automatisation des tâches, ont été organisés afin d’évoquer les défis auxquels ces professionnels sont confrontés dans leur quotidien. Ils ont conclu à la nécessité de réguler et d’adapter l’utilisation de l’IA.
Eric Sadin a d’ailleurs dédié ce Contre-Sommet aux scénaristes d’Hollywood qui se sont mobilisés contre l’IA, comme en témoigne le tweet ci-dessous.
Intervention radicale du mouvement Anti-Tech Resistance
Le contre-sommet a été interrompu par une intervention radicale du mouvement Anti-Tech Resistance, qui a pris d’assaut la scène du Théâtre de la Concorde. Ce groupe de jeunes militants a dénoncé la présence de la maire de Paris et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Anne Hidalgo et du parti socialiste, qu’ils qualifient de « parti de collaborateurs du techno-capital ». Leur appel à la révolution et à l’action immédiate a été mal perçu par la majorité du public, qui a réagi en les incitant à participer plutôt au sommet de l’IA au Grand Palais.
Dans un contexte où l’IA prend une place de plus en plus prépondérante dans les décisions sociales et politiques, le contre-sommet de l’IA est un appel à réfléchir sur les implications humaines et à réexaminer les choix technologiques avec un regard critique. L’événement a souligné la nécessité d’un débat démocratique sur l’évolution de l’IA, ainsi que l’importance d’un cadre éthique et réglementaire pour encadrer cette technologie.