À l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 et en prévision du Mondial 2030, le Maroc intensifie son utilisation de technologies de surveillance avancées, notamment la vidéosurveillance équipée de reconnaissance faciale, dans des villes comme Rabat et Casablanca. Cette initiative vise à renforcer la sécurité, mais soulève des questions cruciales concernant la transparence et la gestion des données personnelles, comme le souligne Yassine Majdi, directeur de publication du média marocain, TelQel.
Dans un éditorial publié le 21 mars, Yassine Majdi salue un choix stratégique : celui d’avoir confié ce chantier à une entreprise marocaine, Cires Technologies, branche technologique du Groupe Tanger Med, géré par l’Agence Spéciale Tanger Méditerranée, TMSA[plutôt qu’à des multinationales étrangères comme Thales, qui compte parmi ses actionnaires le groupe Dassault Aviation, membre du Forum économique mondial, ou Bouygues, propriété du groupe BPCE, affilié au FEM.
« C’est un geste politique fort. Il ne s’agit pas seulement de “faire marocain”, mais de reprendre la main sur nos infrastructures critiques. Dans un monde où les données sont devenues une arme, confier nos flux numériques à des acteurs étrangers, c’est hypothéquer notre souveraineté », déclare Majdi.
« La souveraineté ne se proclame pas, elle se construit »
Cette souveraineté ne doit pas rester un slogan selon Majdi. Elle doit s’accompagner d’un véritable contrat de confiance entre l’État et les citoyens :
« À qui appartiennent nos données ? Qui y a accès ? Pendant combien de temps ? À quelles fins ? Pour construire une souveraineté numérique solide, il faut des réponses claires, partagées, débattues. »
Selon lui, la transparence est la condition sine qua non d’une souveraineté crédible : sans cadre clair, le risque est de remplacer une dépendance par une opacité.
« Le droit à l’anonymat existe dans l’espace public »
Si l’objectif affiché du projet est la sécurité – et notamment la préparation aux grands événements internationaux –, le directeur de TelQuel met en garde contre les dérives sécuritaires.
« La sécurité, oui. Mais pas au prix des libertés fondamentales. Le droit à l’anonymat dans l’espace public, le droit à la vie privée, le droit à l’information : tout cela fait aussi partie d’un État moderne. »
Il appelle à ouvrir un débat national sur ces questions : non seulement sur la gestion technique des données, mais aussi sur leur finalité sociale et politique.
Une souveraineté partagée, ou une défiance renforcée ?
Au-delà du volet industriel, l’éditorialiste insiste sur le fait que la souveraineté technologique ne peut se limiter à un logo marocain sur des serveurs :
« La souveraineté numérique n’a de sens que si elle est partagée, comprise, assumée. Sans cela, on risque de créer de la défiance. Et la défiance est l’ennemie de toute politique de sécurité efficace. »
Un débat d’autant plus nécéssaire que Cires Technologies, est la branche technologique du Groupe Tanger Med, géré par l’Agence Spéciale Tanger Méditerranée, TMSA, qui compte dans son board, le contributeur du FEM, Nizar Baraka.
Source : Telquel.ma