L’ex-Première ministre finlandaise et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique, Sanna Marin, devenue à 34 ans la plus jeune cheffe de gouvernement au monde, revient dans L’Espoir en acte sur ses années au pouvoir, ses combats féministes et ses blessures personnelles. En Europe du Nord, la presse salue un témoignage sincère et courageux.

À seulement 39 ans, Sanna Marin livre un récit à la fois intime et politique. Dans ses Mémoires publiés simultanément dans dix-sept pays, dont la Finlande, la Suède et la France (L’Espoir en acte, Flammarion), l’ancienne Première ministre raconte ses trois années et demie à la tête de la Finlande, entre crises successives, scandales médiatiques et luttes féministes.

Devenue en décembre 2019 la plus jeune dirigeante du monde, la cheffe du Parti social-démocrate passée par les Young global leaders et le Council of Women World Leaders s’est imposée comme un symbole d’une génération politique progressiste et d’un leadership féminin moderne. Mais, derrière cette image d’icône internationale, se cachent de lourdes épreuves. Elle décrit les débuts de la pandémie de Covid-19 comme “un cauchemar éveillé”, marqués par l’épuisement, l’anxiété et des troubles physiques. “Le fardeau mental de ces années pèse encore sur moi”, confie-t-elle dans un passage relevé par YLE, la radiotélévision publique finlandaise.

Sur le plan géopolitique, Marin revient longuement sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a bouleversé la posture diplomatique finlandaise. Le quotidien Helsingin Sanomat la décrit comme une “lobbyiste acharnée de l’Otan”, déterminée à faire basculer son pays dans l’alliance militaire — ce qu’elle réussira, en tandem avec le président Sauli Niinistö, en 2023. “Si la Russie remporte des territoires en Ukraine, sa volonté d’expansion n’en sortira que renforcée”, écrit-elle encore aujourd’hui.

Mais c’est son regard critique sur le sexisme politique qui retient le plus l’attention des médias nordiques. Elle consacre un chapitre entier aux “scandales” ayant entaché son mandat, notamment la vidéo d’une fête privée ayant déclenché une tempête médiatique. “Le véritable crime politique, c’est que je ne ressemblais pas à ce qu’un Premier ministre est censé être”, écrit-elle dans un passage cité par Aftenposten. Elle dénonce également les menaces sexistes et sexuelles reçues en ligne, au point, dit-elle, d’en avoir “perdu le compte”.

Issue d’un milieu modeste et élevée dans une famille arc-en-ciel, Marin évoque aussi son mariage avec son compagnon de jeunesse, aujourd’hui rompu. “Nous vivions sous le même toit, mais c’était comme si nous ne faisions que nous croiser”, confie-t-elle, dans un ton d’une sincérité désarmante.

Installée aujourd’hui à Londres, où elle travaille pour la Fondation Tony Blair for Global Change, Sanna Marin revendique dans son livre une posture assumée de féministe moderne. “On incite souvent les femmes à cacher leurs ambitions, à se montrer modestes. Or cela ne fait que nous freiner”, écrit-elle. Pour Hufvudstadsbladet, “Marin livre un ouvrage de conviction, à la fois récit personnel et manifeste pour une politique plus humaine et égalitaire”.

Sources :

Courrier International – « L’ex-Première ministre finlandaise Sanna Marin publie ses Mémoires » – [5 novembre 2025]

Hufvudstadsbladet, YLE, Helsingin Sanomat, Aftenposten, Aftonbladet – presse nordique citée par Courrier International.