Au cœur de l’histoire minière de Saint-Étienne, un hommage discret mais poignant est rendu aux clâpeuses, ces femmes méconnues qui ont joué un rôle essentiel dans l’extraction du charbon. Si depuis le 8 mars 2016, une allée des clâpeuses leur rend hommage dans le parc-musée de la mine du puits Couriot, peu nombreux sont à savoir en 2018 ce qu’était le métier de clâpeuse.
Le terme « clâpeuse », d’origine ligérienne, désigne en réalité les trieuses. Ces femmes étaient chargées de trier les pierres du charbon. Lorsque les wagons remontaient, elles actionnaient une trappe et faisaient tomber le charbon sur le replat. Les pierres étaient séparées des bois, ne laissant partir sur le tapis roulant que le précieux combustible.
C’était un travail ardu, effectué sans gants, debout toute la journée avec une pause minime. Malgré le lavage au lavabo réservé, les visages des clâpeuses étaient marqués par la mine, témoignant de la dureté de leur labeur.
Les dernières clâpeuses ont exercé dans les années 50 dans les mines stéphanoises. Mais pour certaines, comme Christine R.V., ce sont des souvenirs transmis par leur grand-mère. En hommage à ces femmes de l’ombre, elle a écrit un poème intitulé « La Clapeuse », désormais découvert par les écoles stéphanoises.
La Clapeuse par Christine Romezin
« Venue de si loin, toi qui as parcouru bien des chemins, te voilà ici, jupe, chemise, foulard, mouchoir et tablier gris. Veuve d’un mineur emporté par la silicose, pour nourrir ton enfant, tu devras chaque jour, trier, trier, trier, pendant des heures, de tes petites mains de femme si fines et délicates, ces tas de petits cailloux noirs salissants, servant à chauffer les chaumières des habitants. Tes yeux gris perle auront connu bien des chagrins, mais ils continuaient à briller comme des petits diamants sur ton visage noirci, et ton courage a su toujours mettre un sourire sur ton visage.
Femme d’un passé lointain, tu as su nous montrer, par ce travail si peu facile, lorsque les wagonnets remontaient des entrailles de la mine, que le bonheur réside dans le cœur, et que la plus grande des richesses ne peut se trouver ailleurs. Alors aujourd’hui, je te dédie ce poème, afin que jamais Saint-Étienne n’oublie, que ses crassiers qui dominent la ville, sont nés de ton travail et de celui de tes camarades.
Dorénavant bat dans cette ville un cœur de charbon ! »
Cet émouvant poème rappelle l’engagement et le courage des clâpeuses, symboles d’une époque où le travail était rude mais où l’esprit de solidarité et de résilience brillait.