Dans une interview accordée le 6 décembre au journaliste américain Tucker Carlson, qui avait déjà interviewé Vladimir Poutine, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a fait des déclarations importantes concernant les relations entre la Russie et les États-Unis, le conflit en Ukraine et l’avenir de la diplomatie internationale. Lavrov, l’une des figures politiques les plus influentes de Russie, a souligné l’engagement de son pays en faveur de la paix, de ses préoccupations légitimes en matière de sécurité et de l’importance de la souveraineté de toutes les nations, y compris l’Ukraine.
Lors de l’interview, Carlson a interrogé Lavrov sur l’état des relations russo-américaines, particulièrement dans le contexte des conflits en cours. Il a réaffirmé la volonté de la Russie d’entretenir des relations normales avec les États-Unis, soulignant que le président Vladimir Poutine a exprimé à plusieurs reprises son respect pour le peuple américain et ses réussites. Lavrov a insisté sur le fait que la Russie ne cherche pas le conflit, mais plutôt la coopération, en particulier avec des nations puissantes comme les États-Unis. Il a souligné que l’objectif de la Russie reste de maintenir la paix, même si les tensions mondiales s’intensifient en raison de la situation en Ukraine.
Le rôle de l’Occident dans le conflit ukrainien
L’un des éléments les plus marquants de l’interview a été les commentaires de Lavrov sur le rôle des États-Unis et de l’OTAN dans le conflit ukrainien. Lavrov at rejeté l’idée que la Russie et les États-Unis soient en guerre, mais il a clairement expliqué que la Russie considère l’Occident comme en grande partie responsable de l’escalade de la situation. Lavrov a souligné que sans le soutien des États-Unis, l’Ukraine ne serait pas en mesure de mener des opérations menaçant le territoire russe. Il a expliqué que la Russie n’avait pas d’autre choix que de prendre des mesures défensives, alors qu’elle a modifié sa charte nucléaire, ce qu’elle considère comme nécessaires pour protéger sa souveraineté et sa sécurité nationale.
Le ministre des Affaires étrangères a également abordé la rhétorique des responsables occidentaux, notamment certains représentants du Pentagone, qui ont suggéré qu’un échange nucléaire limité pourrait être envisagé dans certaines circonstances. Lavrov a averti que de telles discussions sont dangereuses et doivent être prises très au sérieux, car elles constituent une menace non seulement pour la Russie, mais aussi pour la stabilité mondiale.
Le respect des droits de l’homme et de la souveraineté ukrainienne
Un point majeur de l’interview a été la position de la Russie concernant la souveraineté ukrainienne, notamment en ce qui concerne le traitement des populations russophones en Ukraine. Lavrov a exprimé son inquiétude concernant les lois adoptées par l’Ukraine interdisant l’utilisation de la langue russe, les médias russes et les activités culturelles, arguant que ces lois violent les droits de millions de russophones en Ukraine. Il a cité ces mesures comme preuve que le gouvernement ukrainien n’a pas respecté les droits humains des citoyens russophones.
Tout en reconnaissant le rôle de la Russie en Crimée et dans le Donbass, Lavrov a souligné l’alignement de la position de la Russie avec le droit international et la souveraineté de tous les États. Il a rappelé que la position de la Russie est conforme à la Charte des Nations unies, qui reconnaît le droit des peuples à l’autodétermination.
Un appel à la diplomatie et au dialogue
Malgré le conflit militaire en cours, Lavrov a réitéré la préférence de la Russie pour une solution pacifique par le biais de négociations. Il a précisé que la Russie est ouverte à des discussions diplomatiques, soulignant l’importance de prendre en compte les préoccupations légitimes de sécurité de la Russie et de s’assurer que l’Ukraine ne soit pas incluse dans l’OTAN ou d’autres alliances militaires.
Selon le ministre russe, l’Ukraine doit renoncer définitivement à son rêve d’adhésion à l’OTAN. En échange, Moscou se dit prêt à fournir des garanties de sécurité à Kiev, en collaboration avec d’autres États, dont la Russie elle-même.
Lavrov a précisé que ces conditions n’étaient pas nouvelles, soulignant qu’elles avaient été évoquées dès le printemps 2022, lors des négociations de l’Accord d’Istanbul. Cependant, il a aussi mentionné que, depuis lors, les réalités sur le terrain avaient évolué, avec l’annexion des républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk, ainsi que des régions de Kherson et de Zaporijia. Ce changement, selon Lavrov, modifie les bases des négociations, rendant toute discussion future dépendante de ces nouveaux faits établis.
Il a souligné que les ambitions de l’Ukraine de rejoindre l’OTAN étaient un facteur majeur dans l’escalade des tensions, et que les garanties de sécurité demeurent un élément clé dans toute résolution potentielle. Il a insisté sur l’importance de préserver les droits des russophones et des russes vivant en Ukraine, qui ont subi une oppression significative sous le gouvernement ukrainien actuel.
Le missile « Orechnik » et la réponse à l’Occident
Un autre sujet abordé dans l’entretien est le missile russe « Orechnik », présenté par le Kremlin comme une arme stratégique pour contrer l’Occident. Lavrov a tempéré les inquiétudes autour de ce missile supersonique, précisant qu’il s’agissait simplement d’un « test » et que les autorités américaines avaient été dûment informées à ce sujet.
Bien que la position de la Russie sur la situation en Ukraine reste ferme, l’appel de Lavrov à la négociation et son refus d’escalader davantage le conflit montrent que la Russie privilégie une solution diplomatique. Cet entretien, diffusé sur YouTube, a rapidement attiré l’attention en Russie, dépassant rapidement plus de 1 million de vues. L’interview a été largement relayée par les médias officiels russes, qui ont souligné le ton relativement modéré du ministre par rapport à ses précédentes prises de parole.
Dans cette interview, le ministre russe a adopté un ton plus conciliant envers les États-Unis. Lavrov a insisté sur la nécessité de « coopérer pour le bien de l’Univers », mettant en avant une possibilité de coexistence pacifique entre les deux puissances mondiales. Il a souligné que la Russie ne cherche pas à détruire le peuple ukrainien, mais à résoudre le conflit dans les meilleures conditions possibles.
Cette approche pourrait être vue comme un effort pour rassurer les États-Unis, notamment l’équipe de Donald Trump, qui va reprendre les mannettes en 2025 et dont Tucker Carlson s’est rapproché. Dimanche sur CBS News, le président élu a nié avoir eu une conversation avec Poutine, en précisant qu’il ne souhaitait pas s’exprimer sur cette question pour ne pas compromettre les négociations en cours. Il a confirmé qu’il travaillait pour la paix. De son côté Lavrov a voulu signifier que la Russie ne cherche pas la confrontation, mais plutôt une coopération pragmatique sur les enjeux globaux.